Cameron West - “L'épreuve du courage n'est pas de mourir, mais de vivre.”

Je suis né dans le Michigan, à Detroit plus exactement, un 6 septembre tôt le matin. Il était environ 3h00 quand j'ai poussé mes premiers cris, je n'étais pas vraiment prévu au programme mais mes parents étaient heureux de m'accueillir bien que leur situation soit difficile. Nous vivions dans une caravane, nos moyens financiers étaient quasiment inexistants mais nous avons eu une vie de famille heureuse. J'avais quatre ans quand tout a changé, on a été expulsé de la caravane, mes parents ne pouvaient pas vivre dans la rue avec un petit garçon de quatre ans. Ils ont donc pris une décision difficile, celle de me confier à une famille d'accueil. Le plan originel était de me laisser vivre dans cette famille le temps de trouver un endroit où vivre et d'arranger leurs problèmes financiers. La première année s'est vraiment bien passée, mes parents me rendaient régulièrement visite en plus, j'avais plein de frères et sœurs, j'étais heureux, bien que certains soient rapidement repartis.

L' année d'après on a déménagé, ils n'avaient rien dit a personne, on avait eu le droit de ne dire à personne ou nous partions. On a déménagé à Los Angeles et les choses sont devenues plus compliquées. Les plus jeunes d'entre nous allions à l'école mais dès que nous atteignons les six ans l'on commençait à nous faire l'école à domicile. Ils estiment qu'à partir de six ans nous étions en âge d'aider au domicile, nous étions six enfants, trois plus grands, un du même âge et un plus jeune que moi. Nous prenions soin les uns des autres, nous tenions à nous protéger autant que possible. Si nous refusions les tâches ou que nous ne les faisons pas correctement nous étions battus. Souvent à coups de fouet, parfois de cigarette , surtout quand notre "père" avait trop bu.

Le matin nous avions les études, l' après midi cela dépendait des tâches à effectuer. J'avais huit ans, j'étais en train de me chamailler avec ma sœur, elle avait le même âge que moi. J'étais en train de faire du ménage, on se chamaillent pour mettre le produit et la bouteille de produit ménager à voler et a atterris sur moi. J'ai reçu une grande quantité de produit dans les yeux et le temps de prévenir nos parents et d' aller à l'hôpital il était trop tard, une grande partie de mes yeux étaient trop abîmé. Tout était devenu très sombre, je ne voyais plus rien et en plus c'était particulièrement douloureux. Au début tout était totalement noir, je ne voyais rien du tout et je souffrais atrocement. Mes parents on commencer a me trouver inutile, ils ne savaient plus comment me faire travailler alors j'ai été mis dans un coin à faire des tâches stupides, je recevais des coups a chaque fois que je faisais une erreur, que je me cognais parce que je n'avais pas vu le meuble ou que je renverser et casser quelque chose. J'étais devenu un boulet, selon eux, il aurait mieux valu que je meurs, ca aurait éviter de nombreux ennuis…

J'avais 12 ans, je jouais avec mon grand frère, nos parents faisaient une course. J'ai fait un faux mouvement et le vase préféré de notre mère s' est brisé. Au vu des coups que je recevais déjà, mon frère a choisi de prendre la responsabilité et les coups. Malheureusement un mouvement brusque de sa part lui a valu une chute mortelle dans les escaliers… nous n'étions plus que cinq. Je m'en suis toujours voulu, c'était moi qui aurait dû recevoir les coups, c'était moi qui avais brisé le vase. Aucun de nos frères et sœurs n'a jamais su la vérité. Maintenant il était trop tard je ne pouvais plus faire demi tour…

A mesure des années ma "vue" s'est un peu améliorée, tout n'était plus totalement noir. J'ai commencé à percevoir des formes et des ombres puis même quelques couleurs. Elles sont peu intenses donc je les confonds régulièrement, par exemple le rouge, l'orange et le rose n'ont presque pas de différence à mes yeux. Je l'ai caché à mes parents pour éviter qu'ils ne me fasse faire des truc stupide et dangereux. Je faisais juste beaucoup moins d'erreurs alors ils ont recommencé à me donner plus de tâches. Ils ne faisaient jamais attention à moi, c'est ce qui m ' a permis lorsque j'avais 16 ans de me cacher avec un téléphone pour appeler a l'aide. J'ai appelé le numéro d' urgence plusieurs fois sur plusieurs semaines, les appels n'étaient jamais assez longs pour qu'ils aient toutes les informations. Jusqu'à un matin ou j'ai pu expliquer la situation, je ne connaissais pas mon adresse mais ils ont su me localiser et le lendemain une brigade débarquait dans notre maison pour arrêter nos tortionnaires.

Nous avons tous été renvoyés dans nos familles biologiques, mes parents ont décidé d' emménager à Los Angeles pour ne pas me faire refaire la route. Leur problème financier avait été réglé, ils avaient même eu un autre enfant, une petite sœur âgée de 2 ans a mon retour. J'étais très silencieux et discret, je ne sortais presque pas de ma chambre et personne n'avait le droit d' y entrer, excepté ma petite sœur. Je passais mes nuits a faire des cauchemars et a pleurer mais je refusais de parler a mes parents et je refusais que l'on m'aide a me diriger dans la maison. J'étais froid et distant mais surtout parce que j'avais peur. Ils étaient pourtant doux et patients, ils ne levaient jamais la voix contre moi. Mais le problème venait de moi, je n' arrivais pas à avoir confiance ou à parler de ce que j'avais vécu. Quand j'ai eu 19 ans, après deux ans à me murer dans le silence et à ruminer ma souffrance mes parents biologiques l'ont inscrit à un groupe de parole, il m'a fallu plusieurs semaines pour réussir à parler mais je dois admettre que ça m'a fait du bien. J'ai appris à m'ouvrir et à faire confiance au moins à mes parents. J'ai commencé à parler un peu avec eux mais jamais de ce qui m'étais arriver. Je n'ai jamais vraiment nouer de liens avec eux mais j'ai réussi à discuter un peu au moins. J'étais cependant proche de ma petite sœur même si elle non plus ne savait pas ce qui m'était arrivé et c'était bien mieux ainsi.

J'ai appris à vivre avec ma cécité partielle, après une longue réflexion face à mes capacités, j'ai commencé des études pour devenir masseur bien être et j'ai même commencé à me trouver des passions. J'étais souvent chez moi seul, je n'avais pas vraiment d' amis et je pense que c'était mieux ainsi, je n'aime pas parler, je ne sais jamais réellement quoi dire aux gens. Je me suis concentré sur mes hobbies et mon travail, j'ai fini par me spécialiser dans la médecine douce avec la réflexologie et les massages énergétiques. Mes parents m'ont aider payer mes études jusqu'à ce que je trouve un salon de massage,je travail principalement le bien-être, je ne pratique les médecines alternatives qu'en cas de demande spécifique du client.

Je me suis consacré à mon travail, j'ai continué de me rendre à mon groupe de soutien pour aider les plus jeunes à parler, les mettre à l'aise pour apprendre à se libérer. Je vais aussi de temps en temps aider les associations pour les plus démunis, les soupes populaires etc. L'on pourrait croire que ca fait de moi quelqu'un de sociable mais ce n'est pas le cas, je ne parle pas souvent et je ne me lie pas d'amitié. Je passe la plus grande partie de mon temps chez moi dans mon appartement à lire ou à dessiner. Le problème de ne pas savoir se sociabiliser c'est que je n'ai jamais rencontrer quelqu'un pour faire ma vie avec. Je n'ai même jamais eu personne parce que je n'arrive pas a passer l'étape de la mise en confiance. Je pense que je finirais ma vie seul et j'avoue que ça me dérange un peu mais je ne me sens pas capable de me rapprocher de qui que ce soit.

Il y a quelques semaines j'ai appris que ceux qui nous avaient accueilli et frappé pendant des années avaient été libérés de prison. Je suis terrifié à l'idée qu'ils veuillent me retrouver et se venger alors j'ai décidé de prendre des cours pour me défendre. Je ne suis pas certain que cela m'aidera vraiment mais j'ai sincèrement espoir de prendre assez confiance en moi et surtout être capable de me protéger si des représailles venaient à se présenter…