La journée était pluvieuse et même un peu triste dehors. Noham arrivait à le voir à travers la petite fenêtre de la chambre de Nolan. Il le savait, car il avait passé de longues minutes à regarder par celle-ci ce matin. Il s’était fait passer pour malade au travail ce matin, car il s’était senti mal avant de partir. Toutefois, c’était à croire qu’il avait eu un sentiment qu’aujourd’hui il se passerait quelque chose et qu’il devait se trouver dans les environs de l’hôpital. Il était épuisé, peinant à trouver le sommeil dans son petit appartement qu’il partage avec son amoureux. Il était dans ses pensées, regardant par la fenêtre, tenant la main de son homme. S’il regrettait une chose s'était de ne pas avoir trouvé le moment pour le mariage… S’il ne revenait pas à lui et qu’il n’avait pas la chance de célébrer leur amour devant tout le monde, il ne s’en remettrait pas. Il passait donc le plus clair de son temps libre à l’hôpital, ça le réconfortait de le savoir près de lui malgré tout. Complètement lessivé, il s’était résolu à aller à la cafétéria pour se prendre un café, la caféine lui fera sans doute un peu de bien, même si c’était d’une bonne nuit de sommeil qu’il avait besoin. À son retour, une surprise l’attendait dans cette chambre. En voyant son homme remué dans son lit, il en a échappé son café courant vers celui-ci. Il ne peut pas s’empêché de faire un sourire, même s’il était loin de se douter de la suite des choses pour eux.

Ainsi, il reprend sa petite voix douce, le voyant paniqué et pose sa main sur la sienne. « Hey, love… chut! » Lorsqu’il croise son regard, il semblait avoir le regard perdu, mais après tout c’était normal non quand une personne sort d’un long coma de 2 mois! Enfin, il se questionnait, mais il si soulagé de le voir réveillé qu’il peinait à contenir ses larmes. Revenant à lui, comme s’il avait subi un électrochoc, il juge intelligent d’aller chercher une infirmière. Il revient rapidement avec une infirmière. Il resta comme immobile, figé par les gestes médicaux que l’on fait à son homme. Lorsqu’il reprend finalement son souffle, c’est à croire que lui aussi reprend son souffle avec lui. Il venait d’oublier quelques respirations pendant qu’il était figé. Il lui prend la main doucement.

« Love, c’est moi… Tu as eu un accident au travail! Tu es à l’hôpital! »

Bon semble-t-il qu’il arrivait à parler. C’était ça de positif pour lui. Noham fronce les sourcils tentant de comprendre pourquoi qu’il lui parlait de ses parents.

« Nolan tu me comprends? »

Clairement il y avait quelque chose qui clochait et là c’était fait il commençait à paniquer.

Il faisait tout pour se montrer rassurant, pour faire comprendre à son amoureux que maintenant les choses allaient pouvoir commencer à aller pour le mieux. Maintenant qu’il était réveillé, le couple pouvait aspirer à des jours meilleurs, selon Noham. Si seulement il savait que son cœur était à quelques minutes de se briser en mille. Lorsque l’infirmière entre dans la pièce, les yeux de Noham se pose sur celle-ci et maintenant il faisait des allers-retours entre les deux. À voir son expression on pouvait comprendre qu’il était nerveux et qu’il perdait le contrôle de la situation. Pourquoi un évènement qui se devait positif tournait doucement au cauchemar? Il avait l’impression de s’enfoncer un peu plus à chaque seconde qui passait. C’était tout son monde qui semblait s’écrouler sous lui. Les expressions de Nolan en disaient long en ce moment, il ne comprenait rien de ce qu’il se passait et honnêtement Noham était tout aussi perdu. Sa question semble agir comme un électrochoc e Nolan trouvant enfin les mots pour lui répondre. Il avait changé d’expression faisant place doucement à la déception.

« Quinze… mais non Nolan tu as 25 ans, on a 25 ans. Tu es dans l’armée maintenant! »

C’était une douleur vive qu’il ressentait dans sa poitrine. Quinze ans? Serait-il possible qu’il ne se souvienne pas de lui? Non, non, c’était impossible, mais après tout il avait 16 ans quand il a rencontré ce jeune homme. Il avait mal très mal, mais n’osait poser la question. À croire que la réalité faisait trop mal, il préférait rester dans le déni. Il était pétrifié, n’osait plus lui toucher, ne savait plus quoi faire. Lorsqu’il demande à voir sa mère toutefois, il acquiesce à sa demande, jugeant qu’il lui devait bien ça. Il lui envoie donc un texto pour lui annoncer la bonne nouvelle, mais garde l’amnésie pour lui. Il n’avait pas le droit de lui annoncer ça par texto.

« Je… je…. Je lui ai envoyé un texto! »

Dit-il complètement pétrifié et s’étant reculé. Il ne savait plus où se mettre. Lorsque le médecin confirme l’amnésie, il détourne la tête peinant à retenir ses larmes. Il commençait à comprendre ce que ça signifiait pour lui. Il avait hâte que la mère de Nolan arrive soudainement. Il était totalement livide...

Les choses ne se déroulaient comme il l’aurait souhaité. Il sentait un immense trou dans sa poitrine se former. Dire qu’il avait rêvé de douces retrouvailles, on était loin du compte au moment présent. Il voulait vraiment qu’il se souvienne de leur couple, de ces moments heureux qu’ils avaient passés ensemble. Il aurait bien voulu lui cacher la douleur qu’il ressentait en ce moment, mais c’était impossible. Il avale difficilement sa salive cherchant toujours à comprendre, mais même s’il n’avait pas de problème de mémoire, il était tout autant dans le brouillard. Même l’infirmière présente dans la pièce à ce moment-là semblait un peu désemparée. Chaque fois que Nolan ouvrait la bouche, la douleur devenait un peu plus vive. Un peu comme de l’acide sur une plaie béante.

« De… rien! »

Dit-il en réponse à son merci. Une réponse simple pour tout ça, mais il n’avait rien d’autre qui avait pu sortir de sa bouche. Il semblait sincère au moins sur ce point. Il avait bien hâte que la mère de Nolan arrive, peinant à supporter son regard sur lui. Il avait des larmes qui coulaient sur ses joues. Comment était-il possible d’oublier 10 ans de sa vie, d’oublier tout même l’homme de sa vie. Le silence était pesant, il n’arrivait pas à se tourner vers lui, car ça dévoilerait ses larmes. Lorsque Nolan brise le silence lourd et pesant, il a même un petit sursaut. Machinalement il essuie ses larmes et se retourne vers lui.

« Mais? » Dit-il lorsqu’il coupe sa phrase en deux. Il ravale de nouveau sa salive, parce que tout semblait pénible en ce moment. « On est… enfin on formait un couple. » Formait? Pourquoi parler au passé, c’était simple il n’arrivait plus trop où il en était. Il craignait tellement de commettre une gaffe et qu’il parte en vrille. « Enfin, on on est fi...ancé depuis 4 ans! » Ne pas pouvoir s’approcher, le coller, l’embrasser était une vraie torture, mais il n’osait plus s’approcher de peur qu’il se sente agressé.

Il avait avisé sa mère, il avait jugé qu’il devait bien ça tant à la famille de Nolan qu’à son compagnon. Un peu sans s’en rendre compte il serrait son portable super fort, presque à le briser, mais c’était seulement les nerfs qui y passaient. Il s’était même surpris à espérer que les soignants restent, afin d’éviter le malaise qui en découlait. Bordel qu’il se sentait coupable de ne pas être en mesure de retenir ses larmes, mais c’était plus fort que lui. C’était trop pour lui et il n’arrivait pas à se contrôler. Il n’est pas dupe, Nolan semble s’apercevoir qu’il est la raison de ses larmes… n’aidant en rien à la situation. Il avait donc mentionné que les deux formaient un couple depuis longtemps déjà. Il avait plein de souvenirs de leur rencontre lui. Noham, le garçon timide un peu intello qui assumait pleinement son orientation à l’opposé de Nolan, sportif qui lui ne savait pas trop encore. Et s’il ne se rappelait plus qu’il était gay? Là ce serait la cata! Il respirait déjà un peu mieux voyant son petit sourire. Il ne le rembarre pas, ça fait déjà ça de gagner pour lui… c’est positif non? En plus il laisse tomber le vouvoiement qui donnait envie à Noham de se perforer un tympan. Noham décide de laisser la souffrance de côté, ne voulant pas lui rajouter une couche.

« Officiellement, ça fait depuis qu’on a 16 ans. On allait à la même école! Je t’ai donné des cours particuliers. »

Normalement, il l’aurait bien aidé pour son verre d’eau, mais impossible de bouger! Il était toujours pétrifié, figer sur place. Toutefois évoqué ses souvenirs lui avait fait naître un petit sourire en coin.

« Je ne sais pas ce que ça fait de ne plus se souvenir de rien, mais je peux comprendre ta frustration! » Hésitant, il se rapproche de son homme, mais faisant bien attention à ne pas faire de marque quelconque d’affection. Il ne sentait pas qu’il avait le droit de le faire et avait peur qu’il le prenne comme une agression. Il s’assoit sur la chaise qui trônait à côté du lit et le regarde doucement.

« Tu étais en mission avec ton unité quand c’est arrivé. Tes frères d’armes pourraient t’en dire plus, moi je n’ai pas trop voulu savoir. J’avais trop mal de m'imaginer, mais il y a eu une embuscade et tu as eu reçu une balle dans la tête! C’est une chance que tu sois encore en vie! » Il avait réussi à essuyer ses larmes pour le moment, mais elles pouvaient repartir de plus belle.

Doucement Noham recommençait à respirer, il avait toujours l’impression que son monde venait de s’écrouler devant lui. Il aura un long chemin d’acceptation devant lui. Après tout, comment faire le deuil d’une personne vivante? C’était impensable pour le jeune homme. Cependant, l’idée commençait à se faire un chemin jusqu’à son cerveau. Il s’efforçait encore et toujours à faire bonne figure devant Nolan, même si pour ça il devait se faire violence. Il sent toutefois son sourire s’élargir un peu plus lorsqu’il parle de son premier amour. En vrai, bien qu’il se savait gay depuis ses 14 ans, Nolan était lui aussi son premier amour et le seul à ce jour.

« Tu as été mon premier grand amour à moi aussi et le seul à ce jour! »

Il ne voulait pas le torturer loin de là. C’était simplement qu’il voulait être honnête avec Nolan. Toutefois, il ne savait pas trop s’il faisait bien ou s’il faisait fausse route en mentionnant ces choses. C’était peut-être un peu égoïste, mais il souhaitait tellement que Nolan se souvienne que d’inventer des histoires n’allait rien aider à la situation. Il continue donc à répondre à ses questionnements du mieux de ses propres souvenirs à lui. Il reste en revanche qu’il y a de ses évènements qui marquent une personne! Ajouter à ça la grande mémoire de Noham, il se souvenait de beaucoup de choses.

« Quand tu es venu me demander, c’est vrai tu étais dans une belle galère. Mais tu manquais surtout de confiance en toi niveau étude. Tu étais très bon élève avec moi! »

Était-ce le début d’un souvenir? Soudainement il voyait le tout comme une lueur d’espoir, mais ce la garda pour lui pour le moment! Il ne manqua pas de remarquer son petit signe de stress. Il fronce les sourcils, évoquer le pire jour de sa vie lui causait une vive douleur.

« Je peux m’imaginer un peu tu sais! »

Après tout, il avait bien cru y rester ce jour-là quand le feu c’est déclencher à son laboratoire. Hormis l’intervention rapide des pompiers il aurait trouvé la mort là. La situation était certes différente, mais voir la mort en face d’une manière ou d’une autre est effrayant. Cette journée de mai où ses pensées n’étaient que pour Nolan qu’il allait laisser derrière. Il s’efforçait depuis à oublier le tout. Puis, il s’était approché, il se trouvait maintenant à proximité. C’était à la fois doux et amer la sensation qu’il ressentait. Sa réaction le surprend, mais incapable de le toucher encore il reste à ses côtés.

« Nolan, nolan reste avec moi… Tu es en sécurité maintenant dans ta chambre d’hôpital, à Chicago! »

Dit-il de la même voix douce qu’il avait pris avant qu’il revienne à lui et que No trouvait rassurante. « N’hésite pas si tu as d’autre question… Je vais y répondre du mieux que je peux. Je peux te dire que ça fait environ deux moins que c’est arrivé! » Après tout, ça doit être troublant de ne pas trop savoir. Par la suite, il retrouve un peu son sourire le temps des présentations. Bien que ce soit irréel comme situation, il était doux de retrouver un peu de la personnalité de Nolan. « Ça va, ça va t’inquiète pas… Moi c’est Noham, j’ai 25 ans, je suis de la police scientifique, c’était le rêve de ma vie. Je t'en avais parlé quand on s'est connu » Il marque une pause et lui dit ! « Et j’ai notre surnom de tatouer sur le poignet! » Dit-il en lui montrant son poignet où on pouvait Nono2..

La réaction de Nolan étant plutôt positive pour le moment, il se risque de nouveau à un petit sourire. Il continuait à s’accrocher au positif et d’ailleurs, il en dressait un inventaire dans sa tête. Il restait à l’affût du moindre signe négatif de sa part, afin de mettre les voiles. C’était surement très lâche, mais il se protégeait là-dedans. Il souriait encore plus quand il lui fait le compliment sur ses talents de profs.

« Merci! C’est gentil! »

Bon pour une fois il essayait d’être gentil, pas juste directe et franc. C’est vrai qu’il n’était pas si terrible quand il était venu lui demander de l’aide, mais ils avaient bossé dur ensemble. Ça n’avait pas été que du plaisir. Heureusement, Noham était quelqu’un de patient et c’est de cette même patience qu’il faisait preuve en ce moment. Bien qu’il aurait voulu resté comme ça avec lui et continuer à bavarder! Il voyait bien qu’il était en douleur, alors encore une fois il décide plier sur ses propres désirs pour lui offrir son aide.

« Tu veux que j’appelle un soignant pour ta douleur? »

Certes, si quelqu’un entrait dans cette chambre, il avait l’impression que ça allait briser quelque chose ici, mais il ne pouvait pas le laisser souffrir pour rien. Il baisse la tête, un peu timidement, appréciant quand même le compliment qu’il lui faisait et la flatterie. Il était réconforté d’apprendre qu’il n’allait qu’il n’allait pas faire comme si de rien était. Même si ses petites larmes rebelles revenaient doucement, il était totalement soulagé.

« Merci, je n’aurais pas supporté que tu me vires comme une vieille chose! Alors, je m’efforcerai à chaque jour de te regagné Nolan! » Bon ça ne veut pas dire qu’il acceptait et certes il aurait besoin de sa meilleure amie pour remonter la pente, mais il voulait encore une fois faire bonne figure! Par la suite, il s’était fait un plaisir de se représenter! Tant qu’à recommencé du début, autant le faire comme il faut.

« Oui vraiment je suis heureux là-dedans et pour ta question. Après ta mission tu as eu la piqûre et d’un commun accord tu as décidé de rester. Je regrette un peu aujourd’hui de ne pas avoir insisté pour que tu reste à la maison! » Dit-il en se mordant la lèvre pour calmer son énième inconfort dans cette histoire. En se représentant, il avait montré son tatouage. Bien que Nolan n’était pas d’accord, il en était fier. Le contact avec lui, lui fait l’effet d’un choc électrique dans tout le corps, mais il se laisse faire.

« Tu as refusé d’en faire un, parce que tu n’étais vraiment pas d’accord! Tu m’avais même fait une petite crise quand je te l’avais montré à l’époque! » Dit-il encore une fois en terminant le tout d’un rire, trouvant le tout bien futile dorénavant, mais il ne le regrettait pas du tout.

Même s’il n’en avait eu aucunement envie, lui offrir d’appeler un soignant lui avait semblé la chose à faire. L’entrée d’une personne de plus dans cette chambre aurait brisé le mince équilibre qui semblait tenir dans cette chambre. Un autre soulagement avait été quand il avait compris qu’il n’avait pas l’intention de le virer. Ressasser de vieux souvenirs lui avaient fait du bien malgré tout. Il lui avait fait cette promesse de le regagner sachant très bien que ce ne serait pas de tout repos, ni pour l’un ni pour l’autre. Toutefois son sourire s’était joint au sien pour le moment. Si seulement il savait dans quoi il s’embarquait, mais il était heureux de le savoir en vie.

« Parfait… je serai là promis! »

Lui aussi appréciait sa présence comme au premier jours d’ailleurs. C’était réellement le grand amour de sa vie et le perdre totalement lui aurait été fatal. Malgré tout ce que les gens en penseraient autour de lui, il s’était promis d’aller le rejoindre dans la mort s’il ne revenait pas. Mais bref, là il était là il était là et pour Noham c’était tout ce qu’il comptait. Il sent sa main sur la sienne, son cœur faisant un bon dans sa poitrine. C’était doux et étrange à la fois comme sensation.

« Et comme je t’ai dit plus tôt… Tant que tu voudras de moi, je t’aiderai à faire le ménage dans ton puzzle! » Puis, pour le tattoo Noham éclate de rire, incapable de le retenir, il riait encore d’ailleurs quand il lui répond. « Alors je te prends au mot quand tu sortiras de cette chambre! » Ça pourrait être amusant, certes bizarre, mais tout était bizarre dans cette situation. Il avait savouré chaque instant de ce moment à ses côtés. Les secondes s’étaient égrainées, il ne savait plus ça faisait combien de temps ils étaient restés comme ça, mais il était bien… C’est la mère de Nolan qui est venu briser le moment, mais elle avait bien gagné ce privilège si on peut appeler ça ainsi. Toutefois, soudainement malaisé par la présence d’une autre personne, il a quitté la chambre après bien sûr lui avoir promis de repasser très rapidement.