holly >> _unhol(l)y

Les ennuis de Holly ont commencés avant même sa naissance. Si cela aurait pu être interprété comme un signe, le bébé qui poussa son premier cri à ce moment-là n'avait bien sûr aucune idée que son existence même n’était déjà pas la bienvenue. La vérité était qu’elle n’était pas sortie seule du ventre de sa mère, ce qui aurait dû être sa soeur jumelle l’avait accompagnée également. Cela pouvait paraître bizarre pour la plupart des gens, mais dans le fond, Holly a toujours senti plus ou moins sa présence tout au long de sa vie. Cet instinct qui lui disait qu’il y avait quelque chose et elle n’a jamais su mettre le doigt dessus jusqu’à il y a peu.
Naturellement, elle fut séparée de sa soeur, qui s'appellera plus tard Maiween. Si cette dernière trouva une famille américaine, ce fut une jeune mère célibataire d’origine Irlandaise qui jeta son dévolu sur elle. Peu après son adoption, cette dernière l’a conduite avec elle à Dublin après avoir eu l’envie d’élever son enfant là, tout comme elle lors de sa jeunesse. Et à vrai dire, les années passées avec elle se passa bien. Elle avait beau ne pas avoir de père dans sa vie, elle ne ressentit pas le besoin d’en avoir, surtout en grandissant. La seule présence masculine dont elle bénéficiait était son grand père, grand père qui se faisait une joie de l’accueillir dans la famille. Le choix de Holly n’était d’ailleurs pas totalement un hasard : Elle était rousse, et sa famille adoptive l’était également.

L’enfance de la jeune Holly fut… de ce qu’on pourrait qualifier : “des plus banales”. Avec son petit lot d’injustice évidemment, comme chaque enfant de la planète, mais elle ne fut pas malheureuse. Sa maman avait l’image d’une super héroïne pour elle. A elle seule (avec l’aide de sa famille quand même), elle l’élevait tout en lui apprenant à faire des activités manuelles de façon ludique. La mère de Holly s’est toujours montrée très pédagogue et si ça n’était pas toujours rose entre elles, au fond, Holly adorait sa mère. Lorsqu’elle tombait (littéralement comme métaphoriquement), elle était là pour la relever. Même aujourd’hui, la rouquine partageait de grands moments de complicité.
Lorsque Holly montra un intérêt pour le dessin, sa mère l’encourageait. Elle n’était pas elle-même une grande dessinatrice, mais elle reconnaissait le talent de sa fille pour cela. Holly passa de dessin enfantin à des dessins plus travaillés, grâce au savoir et à la formation d’une copine un peu plus grande qu’elle et qui avait de l’expérience en la matière. Cette même copine l’a d’ailleurs initiée aux mangas et à tout ce qui touchait la culture japonaise. De loin, certes, mais ça lui suffisait. Ce fut à ce moment-là d'ailleurs que Holly décida de consacrer son avenir au dessin. Elle ignorait encore de quelle manière. Forcément, son grand rêve était de publier une BD aux allures de manga, mais l’illustration était aussi fort tentante. Adolescente, elle faisait la joie de ses ami.e.s en leur offrant des dessins qu’ils adoraient et à quinze ans déjà, elle tenait un blog illustré que plusieurs personnes consultait chaque jour. Holly, c’était aussi quelqu’un d'assidu et elle pouvait remercier sa mère pour cela. Bosseuse dans l’âme, elle attirait la jalousie de certain.e.s de ses camarades de classe. Faut dire aussi, elle savait lire, écrire et compter depuis très tôt. Sa mère enseignante ne l’avait pas épargnée mais avec le recul, c’était tant mieux parce qu’elle avait ainsi plus de facilité à assimiler les leçons et à réfléchir par elle-même.

On pouvait dire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que son talent prenne de l’ampleur et qu’elle se faisait doucement reconnaitre pour son talent artistique. A dix-huit ans, on pouvait la voir tenir un stand lors de convention sur tout ce qui était japanimation où elle vendait des dessins et goodies de ses dessins. Elle remporta même un concours qui lui permis de se rendre au Japon, et pour le tourisme, et pour enrichir son expérience professionnelle auprès de mangaka accessibles et disponibles à ce moment là. Le bonheur la comblait, mais c’était sans compter un ex, qui, alors qu’elle était au sommet du bonheur, fit de son petit paradis un véritable enfer.
Il s’appelait David, il vivait à Londres. Son père était français, sa mère anglaise. Elle l’avait rencontré lors d’une de ses fameuses conventions étant donné que ce dernier avait une petite notoriété sur un site bien connu qu’on appelait Youtube. Il avait beaucoup de charisme, n’était pas désagréable à regarder et surtout, il savait communiquer. Si Holly ne fut pas instantanément séduite, elle finit par sortir avec lui quelques mois après leur rencontre. Pas sa meilleure histoire d’amour, mais grâce à lui, elle put vivre des expériences hors norme. Elle s’était rendu  pour la première fois aux USA, au Canada, en France et dans d’autres pays européen. Sur les réseaux, elle était surtout connue comme étant ’la copine de”, et si ça ne la dérangeait pas au départ, elle s’était lassée de ce qualificatif. Seulement, au fil des mois, la relation avec David se détériora. Au départ avenant et attentionné, il finit par montrer petit à petit une facette moins glamour de sa personnalité. Sa spécialité? La faire culpabiliser sur plein de choses. La meilleure technique d’emprise. Au départ, ça marchait, puis à un moment donné, grâce aux conseils de ses ami.e.s les plus loyaux, Holly décida de mettre fin à cette relation nocive. Outre ses abus mentaux, il l’avait trompée plus d’une dizaine de fois et si au fond, elle le savait, elle s’était enveloppée dans un cocon de déni pour éviter de supporter la réalité. David vécu très mal cette rupture, notamment parce qu’il en fut par l’origine. Lui, se faire plaquer? C’était trop pour son égo bien trop surdimensionné. Alors il se mit à la diaboliser sur plein de sujet en inventant plein d’anecdotes ou alors en les exagérant au possible. Holly, qui avait son petit fond de commerce, avait un poste enrichissant dans une boîte d’illustration et qui s’apprêtait à signer pour la publication de sa bande dessinée, vit se défaire tout ce qu’elle avait ainsi entreprit à cause du harcèlement qu’elle subissait. Comme elle était montrée du doigt comme une personne infecte, à qui il ne fallait pas se fier et plein d'autres choses encore, on lui tourna le dos et on mit fin aux collaborations avec elle. Elle dut même disparaître des réseaux à cause des nombreux messages de haine, jusqu’aux menaces de mort, parce qu’elle avait osé ”briser le coeur du golden boy du youtube britannique.

Elle profita de cette nouvelle discrétion pour se remettre sur les rails. Profondément anéantie, elle savait qu’au fond, elle pouvait pour l’heure ne rien faire du tout. Son image était beaucoup trop entachée et elle dût se rabattre sur le boulot pour s’aérer l’esprit. Loin de tous et toutes, elle consacra toute son énergie dans le dessin, attendant de faire un grand retour le temps de laisser l’eau couler sous les ponts.
Car, un peu avant toute cette histoire, Holly avait appris par sa mère que cette dernière l’avait adoptée. Qu’elle était née à Chicago mais qu'un bon contact amical resté sur place et bien renseigné savait que les traces de sa famille menait à Los Angeles sans renseignement en plus étant donné que la famille s'était faite discrète. Cette dernière avait visiblement souhaité ne pas laisser de traces en la laissant aux services sociaux et que malheureusement, elle était dans l’incapacité de lui apprendre plus. Ainsi, Holly fit le choix de poursuivre sa vie là où tout avait commencé : à Los Angeles. Dans le but de tourner la page sur toute la shitstorm dont elle était victime, mais aussi dans l’espoir de pouvoir en apprendre plus sur ses origines. Cela n’était pas primordial en soi, mais ça lui donna l’occasion d'essayer d'en savoir plus. A côté de cela, elle avait entamé une procédure contre David, mais comme chaque affaire avec la justice dans le genre, cela prenait du temps, beaucoup de temps….
Mais hors de question de se montrer vaincue, abattue, blessée... ce serait offrir une victoire jubileuse à son ex, et ça, c'était inenvisageable. Sa carrière était primordiale dans tous les cas, elle comptait mettre les bouchées double pour s'offrir une vie professionnelle digne et s'épanouir dans cela.