[TW Meurtre]

Décembre, le mois de Noel, de la préparation des fêtes. Toi ? T'as décidé de montrer le bout de ton nez au début de mois, secouer les plans de la famille. Tu es né avec un peu d'avance, personne ne t'attendait avant fin Janvier à la base. Mais c'est pas grave, t'as fait le bonheur de tes parents. Et c'est tout ce qui compte. Bébé, tu étais un peu maladif, ta mère espérait que ca passerait, et a force, ce fut comme elle avait prédit, ca s'est calmé.

Fils unique. Choyé, gaté mais jamais trop. Tu as eu une bonne éducation. Peut-être trop bonne pour des gens qui te trouver trop 'trop'. Trop sage, trop compréhensif, trop gentil, trop bienveillant. Mais c'était ainsi que tu étais. En plus d'un père et d'une mère adorable, tu avais un oncle gateux. Le parrain qui tu adorais voir quand t'étais gosse parce qu'il était drole, te faisait rire, te racontais plein de chose super, t'offrait toujours des cadeaux qui te rendait plus curieux des choses qui t'entouraient. Puis d'un coup, plus rien. Plus de visites, plus d'appels. Maman t'a dit que c'est des choses qui arrivent, que les grands ont parfois des envies de disparitions du jour au lendemain. Qu'il reviendrait surement un jour Tonton Dan. Alors tu as juste hoché la tête. T'as attendu un temps. Puis t'as juste oublié. Parce que c'était comme ça. C'est tout. Papa aussi était un peu triste comme toi, mais lui aussi il a dit la même chose que maman.

T'as pas une longue histoire toi. Mais en même temps, t'es un petit jeunot, t'as pas vécu milles choses différentes. T'étais le garçon studieux à l'école, bien élevé, qui travaillait bien, faisait tous ses devoirs. Tu as toujours été en école privé, c'est quelque chose que tes parents voulaient absolument. Mais en même temps, ça te foutait une étiquette dans le dos d'avoir un uniforme. Parce que t'étais le parfait stéréotype du gentil garçon à qui on ébouriffe les cheveux. Et franchement, tu ne t'en plaignais pas trop. Jusqu'a Judie. Judie, c'était la fille qui a fait fondre ton petit coeur. Petit garçon, t'étais devenu adolescent, et s'éveille avec les premieres émotions. Et bon dieu ce que t'étais amoureux. T'étais à ça de la crise cardiaque dès qu'elle devenait super gentille avec toi. Elle était dans ta classe. C'était vraiment cool, et de fils en aiguille vous êtes devenus amis. De vrais amis qui partageaient des points communs, des passions. T'adorait lui parler. Et puis c'est devenu ton premier amour. Un baiser timide. Mais le premier. Important, cherissable. C'était si bien d'être sur la même longueur d'onde. Enfin, c'est ce que tu pensais. Au final, elle se forcait, surement a-t-elle accepté de sortir avec toi pour te faire plaisir. Mais non. Ca n'a duré que deux ou trois petits mois. Elle t'a jarté par téléphone, en te disant que tu n'étais qu'un fils à papa. En même temps, elle n'avait pas tort, tu étais un gamin incroyablement sage malgré quelques crises plus jeune.
Les cours sont devenus moins cool pour toi avec cette ambiance. Tes parents s'inquietaient de te voir aussi touché. Tu compris que ça faisait mal, mais que ce n'était pas la fin pour si peu. Ton père a réussi à te consoler. Te dire que c'est comme ça la vie. Qu'il y a des échecs, et que parfois les gens n'arrivent pas à comprendre les autres ou ne cherchent pas forcément les bonnes personnes. Au début, tu l'as pris pour toi, tu t'es un peu vexé, mais il s'est rectifier en disant que parfois, les gens cherchaient d'autres personnes au caractère trempé, plus aptes a leur faire du mal. Tu n'as pas compris sur le coup, mais ca reste dans un coin de ta tete.

Puis cette nuit arriva.
La nuit était bien entamée. Tu dormais tranquillement. Puis un bruit. Pas anodin ce bruit en pleine nuit. Un sursaut de ta part. Puis t'entends la porte de tes parents s'ouvrir. Des pas, à tâtons. Ta porte qui s'ouvre, ton père baissé. Il te prend par le bras, toi dans la brume, tu ne comprends pas vraiment. Il ouvre ton placard, te chuchotant d'entrer et de rester tout au fond sans faire un bruit. Toi, tu t'executes, mais tu as peur. Cette peur viscérale d'un coup, quand ton cerveau émerge et comprends que quelque chose ne va pas Tu pars au fin fond de ta penderie, des habits contre toi pour te camoufler du mieux que tu pouvais. Ton père refermant la porte de ton placard, puis de ta chambre. Dans le noir. Tu ne vois rien, mais tu entends. Tu entends ta mère demandait à ton père ce qu'il se passe. Tu entends le fracas en bas. Tu entends des voix qui hurlent de ne pas bouger. T'entends des pas qui accourt, ouvre les portes une à une, la tienne, la referme. Tu l'entends redescendre. Demander si leur gamin(e) est là, et entendre ton père mentir ouvertement que t'es chez un de tes amis. La peur dans la voix. Ta mère tu l'entends à demi. Qui implore de prendre vite tout ce qu'ils veulent et qu'ils partent. Mais t'entends bien qu'ils prennent leur temps. Toi, t'étouffe, dans cette angoisse et dans cette penderie. Tu remues juste une fois. Une fois. c'est tout ce qu'il fallut pour que quelque chose tombe dans ta chambre et fasse un bruit. Un bruit qu'on entend. T'entends le questionnement en bas, puis une bagarre. Un coup de feu. Le hurlement de ta mère suivi de ses pleurs. D'un cri qui demandait pourquoi ils avaient fait ca. Un deuxieme coup de feu. La panique dans la voix du premier inconnu. Des bruits de précipitations. Plus rien. Le silence. Froid. Glacial. La maison ne faisait plus aucun bruit.
Des heures tu es resté comme ça, enfermé. Puis tu te décida à sortir. Tu descendis les escaliers lentement, les jambes encore engourdis. Tu leva les yeux sur le mur en face. Du sang. Tu tourna la tête, découvrant cette vérité macabre. Tes parents, inanimés sur le sol. Et tout ce sang. Ton corps tangua, la nausée te vint, les larmes silencieuses coulèrent. Tu essaya de retrouver une contenance pour sortir de là, tes chaussettes s'imbibant sous la flaque que tu avais dû traverser. Tu sortis de la maison, vomissant dans les buissons, commencant a pleurer bruyamment sans le controler. Ton premier reflexe a été d'aller reveiller la voisine, celle que tu adorais tant, pour lui demander de l'aide. Mais c'était déjà bien trop tard. La police arriva rapidement t'emmenant avec eux, essayant de te demander ce qu'il s'est passé. Tu leur répéta trois voire quatre fois. T'avais rien vu, juste entendu. L'heure, tu la connaissais pas non plus. Tout ça entre les crises de paniques et de pleurs que tu avais.

Ca t'a changé. Brisé. Après quelques recherches, on t'a envoyé chez ton tuteur légal. Le fameux Tonton Dan que t'avais pas vu depuis... T'as oublié. C'est pas important. Le coeur n'est pas à la fête. Ton deuil, difficile à faire. Tu enrages. T'es devenu un gamin difficile, ta candeur et ta gentillesse s'étant effacé apres cette nuit. Elles sont surement encore là, ces qualités, mais personne ne les verra. T'as préféré te monter un chateau, ton caractere changeant du tout au tout pour que rien ne puisse te briser de nouveau.