Alejandro, le bel italien

Rome. Le 26 octobre 1983. Il pleuvait à torrent quand j'ai mis mon bout de nez dehors en même temps que ma jumelle Calypso. La pluie martelait les vitres et couvrait presque mes pleurs délicats. Je n'ai jamais été un pleureur, j'étais du genre calme, à faire mes nuits tout de suite, le bébé idéal. Je n'ai pas grandis dans un milieu qu'on dirait sain. A cinq ans on m'a fait tenir ma première arme. Je ne savais même pas quoi en faire. Je ne voulais pas blesser des gens moi. Très vite on m'a fait comprendre que si je voulais survivre, je devais devenir fort et endurant. J'ai du apprendre à m'en servir, d'abord sur des cibles, puis vers mes dix ans on m'a fait tiré sur des animaux sauvages. Une torture pour moi. Malheureusement je n'avais d'autres choix que d'obéir sous peine de punitions lourdes. Toute mon enfance et mon adolescence on était bercé par les armes, la drogue et les guerres de gangs. Je ne touchais à rien personnellement. On disait même de moi que j'étais bien trop gentil. Que voulez vous je n'avais aucune once de méchanceté en moi. Comme ci le diable pouvait avoir un ange pour enfant. Un comble. Ma mère a vite compris qu'on ne serait jamais comme notre sadique de père, elle essayait de me protéger comme elle le pouvait. Se faire des amis quand on s'appelle Manccini c'est très compliqué, j'ai passé une grande partie de mon adolescence seul dans mon coin ou à trainé avec ma sœur. Déjà à cette période je m’intéressais aux fleurs et aux plantes en générale évidemment mon père n'était pas au courant.

Un jour il m'a trouvé avec un livre de reconnaissances des plantes toxiques dans les mains. Il n'a pas comprit tout de suite, puis a dit qu'il était fier de moi, qu'il y voyait un moyen de savoir empoisonner les gens. Je me suis sentis obligé de lui dire que ce n'est pas ce que je voulais. Je l'ai bien vite regretté. J'ai eu le droit à une belle correction. Il a été sur mon dos après ça, voulait faire disparaître cette volonté de venir en aide aux autres. Il n'y avait pas de place pour une pleureuse dans la famille comme il le disait si bien. J'ai compris que jamais je ne pourrais échappé à cette vie. Ma sœur était du même avis que moi, même si elle jouait un rôle pour que notre père l'ait en estime. Je l'ai longtemps jalousé puis j'ai compris que je n'avais pas envie de devenir comme ça. A partir de mes dix huit ans, j'ai commencé à travailler sur un plan, un moyen de disparaître. Organiser sa propre mort, c'est loin d'être facile je vous le dit ! Déjà choisir sa mort est compliqué. Il faut trouver la bonne méthode qui rendra difficile l'identification. J'avais opté pour un accident de voiture, avec voiture qui prend feu. Ma sœur était de la partie évidemment, elle aussi voulait s'enfuir. C'est un soir après nos vingt ans qu'on décida que c'était le moment. On avait eu le temps de mettre un peu d'argent de côté pour le départ. Mon père voulait nous faire passer une épreuve, notre première exécution, il en était hors de question, je ne voulais pas prendre de vie humaine au contraire. Après avoir pris deux cadavres, ce qui est pas si difficile à trouver quand on vit chez les mafieux, on les a habillé de nos vêtements, on y a placé nos bijoux, des faux papiers à nos noms, j'ai du sacrifier ma jolie voiture qui est partie en fumée ce soir là tout comme le corps des deux individus dont je ne connaissais même pas les noms. Ils avaient à peu près notre âge c'est tout ce qui compte.

On a pu commencer notre vie après ça. Après notre mort, comme c'est symbolique. On a voyagé pendant un an changeant notre nom. J'ai pris celui de De luca. On a visité l'Australie, la France, l'Espagne, le Brésil puis nous sommes arrivé aux Etats-Unis et j'ai décidé de vivre ici. Ma soeur a continué encore de voyager. Moi je voulais faire ce que j'avais toujours voulu, je me suis formé à la vente et plus spécialement dans les fleurs. Cela n'a pas été facile surtout avec la barrière de la langue, mais j'ai travaillé très dur pour y arriver et j'ai même perdu mon accent assez rapidement faisant quasiment de moi un vrai américain. Après des années de travail je suis passé responsable de la boutique ou je travaillais et j'ai fini par la racheter progressivement à son ancien propriétaire. J'ai jamais été doué pour les relations amoureuses ou alors j'ai vraiment jamais eu de chance. Je m'attache trop vite aux gens, j'ai souvent fait fuir mes relations à cause de ça, je me projetais trop vite dans le futur. Ce que je voulais surtout c'est devenir père, j'ai toujours eu ce besoin au fond de moi et grâce à ma meilleure amie à l'époque ça a été possible. Elle a été la mère porteuse de mon petit Timéo qui est né il y a un an. Depuis je suis presque comblé. Ma jumelle est venu vivre aux états unis entre temps à Los Angeles elle aussi pour que l'on ne soit pas trop loin l'un de l'autre. Elle a fait sa vie et elle est sur le point de se marier. Problème ? Je suis fou amoureux de son fiancé depuis quelques semaines.. La situation est ingérable pour moi alors je me suis éloigné, j'ai toujours une bonne excuse, le travail, le boulot, ne pas avoir le temps c'est une bonne excuse non ?