Mathias • Homme de gout

Tout commence le 3 février 1986, dans un hopital privé de Dallas. Mes parents, originaires des Philippines, étaient aux USA pour les affaires de mon père. Ma mère était alors enceinte de six mois et quelques jours et rien ne laissait entendre que j’allais arriver beaucoup plus tôt que prévu. C’est un soir que ma mère a ressenti de grosses douleurs dans le bas du ventre, se rendant à l'hôpital le diagnostic fut sans appel, j’étais en souffrance respiratoire a cause d’une malformation cardiaque et si on ne me sortait pas de là rapidement je ne survivrais pas. L'accouchement a donc été déclenché et je suis né en tant que grand prématuré. Les médecins n’étaient pas très confiant sur mon état au vu des complications. J’ai été opéré six jours après ma naissance, une opération qui dura de longues heures avec un pronostic vital engagé. Quand on m’a ramené dans ma chambre, mes parents étaient déjà partis. Ils avaient repris un avion pour les Phillipines me laissant là à mon triste sort. Mon père biologique ne voulait pas perdre plus de temps et d’argent à cause d’un petit garçon à problèmes. C’est ainsi que j’ai été abandonné dans cet hôpital avec pour seule information qu’on m’avait appelé Tao. Je me suis bien remis de l’opération même si j’ai dû en subir trois entre ma naissance et mes deux ans. C’est ce qui a grandement compliqué mon adoption d’ailleurs, peu de gens prennent le risque d’adopter un petit garçon qui a passé autant de temps à l'hôpital qu’en foyer. C’est à l’âge de six ans que j’ai croisé la route de mes parents adoptifs Irina et John Williams, j’étais plutôt timide à l’époque, solitaire, je ne ressemblais pas aux autres garçons et je ne comprenais pas pourquoi. Ils ont finalement décidé de m’adopter et c’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas dans une famille des plus originale.

Nous sommes six enfants, soit nés par fécondation in vitro soit adoptés. Nos parents n’ont pas réussi à en avoir de manière traditionnelle alors ils sont passés par d’autres moyens. Ils ne nous ont jamais caché la vérité sur nos origines et puis dans mon cas ça aurait été facile à comprendre de toute manière, mes origines asiatiques ne sont pas faciles à cacher. J’ai toujours refusé d’en apprendre plus sur mes parents biologiques contrairement à certains de mes frères et sœurs. Je respecte leur choix comme ils ont toujours respecté le mien. Évidemment il y a toujours eu cette colère présente en moi, avoir été abandonné, surtout dans l’état dans lequel j'étais, c'est difficile à accepter. Je n’ai pas eu d’autres soucis de santé après ça, mon coeur fonctionne normalement et j'ai même pu faire un peu de sport en compétition. J’ai toujours été du genre à prendre soin de moi, à échanger mes astuces beauté avec mes sœurs et très vite la question de ma sexualité à été abordée. Ce fut très difficile à déterminer même pour moi je dois l’admettre, j’ai longtemps cru n’être attiré que par les garçons jusqu’à mon premier coup de cœur pour une demoiselle. Me définissant bisexuel par la suite je comprendrais un peu plustard à l’âge adulte que je suis en réalité pansexuel. En tout cas cela n’a jamais été un problème dans mon cercle familial bien au contraire et quand quelqu’un s’en prenait à moi à l’extérieur vous pouviez être sûr que le clan Williams débarqué. Ma famille m’a donné beaucoup de force, de la confiance en moi et je me suis beaucoup plus affirmé vers la fin de mon adolescence, j’étais fier de qui j’étais et je n’avais pas envie de le cacher. Je suis même devenu un peu trop fêtard pendant quelques années.. Il ne se passait pas un soir sans que je sorte pour boire un verre, c’était réellement innocent sur le moment jusqu’à ce que je comprenne que j’en avais tout simplement besoin. J’avais besoin de ce verre pour me sentir bien, encore une fois j’ai pu compter sur ma famille et ils m’ont aidé à me sortir de là assez rapidement.

J’ai longtemps hésité à me lancer dans une carrière en lien avec la mode, mais le monde des affaires m’attirait lui aussi. je voulais devenir quelqu’un, quelqu’un d’important comme ci je cherchais une vengeance sur la vie. J’avais ce sentiment de devoir réussir à tout prix. Usant de mon charme et de ma facilité d'élocution, ce ne fut pas si difficile d’intégrer ce monde de géant. Travaillant d’abord dans les nouvelles technologies j’ai ensuite lancé mon entreprise alliant cette fois nouvelle technologie et mode. Améliorer la vie des gens en leur proposant des vêtements hydrophobes par exemple en utilisant des matériaux certes plus cher, mais innovants. Ça a plutôt bien fonctionné pour moi, j’ai fait de nombreux voyages à travers le monde, je n’ai jamais manqué de rien à part peut-être d’une belle histoire d’amour. J’en ai longtemps souffert. Je ne sais pas si c’est mon niveau d’exigence qui était trop élevé, mais j’ai beau avoir eu de belles histoires, je n’ai jamais eu ce déclic que j’attendais tant depuis mon adolescence. Je cherchais désespérément ce coup de foudre, cette âme sœur qui me ferait me sentir enfin complet. J’ai mis fin à des relations qui fonctionnaient et qui auraient pu me rendre heureux simplement parce que je ne ressentais pas ce déclic. J’étais désespéré à l'idée de voir les années passer et de ne pas ressentir ça. J’avais envie d’une famille, mais je refusais de la construire sans cela. Une autre de mes grandes passion à toujours été la gastronomie et les vins qui s’en accompagnent. Pour un ancien alcoolique, ça a toujours été comme de jouer comme avec le feu, mais je ne saurais pas vous expliquer pourquoi. Je vois le vin d’une manière différente, c’est presque comme de l’art. Je pense que c’est ce qui m’a toujours aidé à ne pas retomber dans une forme d’addiction. Après plusieurs années à m’épanouir dans mon domaine, j’ai commencé à ressentir le besoin de faire autre chose, je m’ennuyais dans ma vie et j’avais vraiment peur de refaire des bêtises. J’ai donc vendu mon entreprise du jour au lendemain et je suis devenu copropriétaire d’un vignoble.

Je n’étais pas un expert dans ce domaine, un grand amateur certes et même collectionneur de bouteilles rares, mais pas un expert. Je me suis formé dans ce domaine que cela soit pour la création des vins, mais aussi tout ce qui se passe après. La vente, les fournisseurs et je dois dire que ça redonna un souffle nouveau à ma vie. Cela m’a aussi permit d’enfin trouver ce que j’ai toujours cherché, mon déclic. Je l’ai ressenti en rencontrant le second propriétaire du domaine, Austin. De loin la plus belle âme que j’ai pu rencontrer et sans rien savoir de lui, je savais que je voulais faire ma vie avec cet homme. Le problème ? Il était marié et avait même une famille avec cette femme. J’ai cru à ce moment-là que la vie s’acharnait tout simplement sur moi. Il était plutôt clair vis à vis de moi, il était heureux en ménage et surtout hétero. Je n'ai jamais pu me le sortir de la tête malgré toutes mes tentatives, restant à distance raisonnable pendant un temps tout en observant de loin l’objet de mes désirs. Finalement on a commencé à se rapprocher de façon naturelle, je n’ai jamais forcé les choses, même si je n’ai jamais non plus caché le fait qu’il me plaisait. Je refusais de briser une famille alors j’ai toujours veillé à ne pas dépasser les limites. J’étais malheureux, je ne le cache pas. Cela a changé quand nous avons échangé un baiser, c’est lui qui en avait pris l’initiative et bien que surpris je ne fus qu’heureux de savoir que ce que je ressentais était en réalité réciproque. Il se sépara rapidement de la mère de ses enfants et on resta d’abord discret. Moi qui d’habitude ne suis pas très patient je l’ai été face à la situation dans laquelle il se trouvait. Je sais que cela n’a pas été facile pour lui d'autant plus avec les enfants au milieu de tout ça. On a fini par emménager sur le domaine avec ses deux enfants et je dois dire que je n’ai jamais était aussi heureux que depuis ce jour.