Nouveau client [PV: Harper]

Quasiment un an que t'es ici. Anniversaire d'arrivée, et en même temps, le bourdon gagne ton être, ça fait donc aussi un an que t'as pas vu tes proches. Pour sûr tu les entends à travers le téléphone, des voix que tu ne reconnais qu'à peine, le son de l'électronique changeant radicalement une voix. Une déprime. Surement passagère, pose ses valise à tes côtés. Ils te manquent tous. Ton meilleur ami, ton ex, et évidemment la femme la plus importante à tes yeux, ta mère. T'essaye de te dire qu'elle peut de nouveau vivre sans gamin avec elle, c'est sûr qu'elle a jamais pû trop vivre sa vie avec ce paquet surprise il y a bientot dix neuf ans de ça.

Tu t'es jamais affirmé, rester un gentil garçon comme tout le monde te connait. En soit, tu l'es, mais tu aimerais davantage. Plus de personnalité, plus de culot. Mais t'as pas assez de courage pour ça. Comme le fait de vouloir affirmer un style que tu n'as jamais porté qu'avec tes plus proches amis. Toujours un soucis de détermination qui t'anime. Besoin de changement, besoin de vivre uniquement pour toi à présent. Ce besoin s'agrandit au fur et à mesure que tu n'as plus vraiment de relation proche des gens.

L'envie de marquer ton nouveau départ, ta résolution fraiche te vint à l'esprit. Alors tu te lève, prends ton manteau, et sort de la colocation où tu as élu domicile. T'ouvres ton portable. Cherche une adresse, pas trop bondé de préférence, quelque chose de nouveau, comme toi ici. Tu trouves une adresse, espérant que tu ne te dégonflerais pas dès ton arrivé là bas. Le tatoueur au bout de la rue que tu prends. Une petite montée de stress, mais tu ne te débines pas. Tu pousses la porte, plutot impressionné par le lieu. Un bonjour t'accueille. Tu lui réponds « Bonjour. » toi aussi. Puis tu t'arrêtes deux secondes alors que l'homme te demande s'il peut t'aider. Le Français qu'il a énoncé était incroyable. Cela faisait une éternité que tu n'avais pas entendu ta 'langue' aussi bien parlé. Il y avait bien ta professeur à l'université, mais elle connaissait trois mots qui se battaient en duel avec un accent qui te faisait douter de si elle disait 'cuillère' ou 'écureuil'.

Toi, par contre, malgré le fait que tu vivais ici depuis un an, ton anglais s'était pas amélioré. T'es doué pour le comprendre, mais le parler... Tu te trahissais tres facilement. Alors, tu espérais pouvoir te sentir plus à l'aise. T'espérais que l'homme tout en muscle face à toi savait parler Français, et qu'il n'avait pas juste perfectionner cette petite attention qu'il faisait à ses clients.

« Oui, j'aimerai bien me faire tatouer. Ca me trotte dans la tête depuis un moment et je voudrais marquer mon nouveau départ. »

Oui, ton arrivée n'était pas là sur un coup de tête. Par contre, pour l'idée de quel motif l'encre devrait refleter, c'était encore un peu flou. Vraiment flou.

« J'aimerai quelque chose qui me defini, dans votre style, avec des éléments que vous aimez faire. »Dis-tu dans un français tranquille, avec ton léger accent venant de ta Belgique Natale.

Ce fut un soulagement d'avoir une personne parlant le Français ici. Ca faisait une éternité que ça ne t'etais pas arrivé. Une aubaine, pour sûr. Tu secouas légèrement la tête, autant continuer dans ta langue maternelle et non pas en anglais, langue avec laquelle tu te dépatouillais à peu près.

« Haha non pas du tout. Je suis Européen de naissance. J'habitais en Belgique mais j'ai bougé il y a à peine dix mois. »

Tu vas pas vraiment lui déballer plus de ta vie, ça l'interesserait surement pas. Il te montre où t'asseoir pour discuter tranquillement. Un petit salon, qui restait très agréable et chaleureux, en vérité. C'est tout ce qu'il demandait. Il écoutant l'homme lui expliquer que son premier tatouage devrait être spécial, et il comprenait. Il savait.

« Je comprends bien. J'ai du mal à m'exprimer, donc je pense que je n'ai pas du bien expliquer. Je veux devenir photographe. Alors j'aimerai un tatouage d'objectif, stylisé dans votre style, en y implantant ce que vous aimez faire. »

Même comme ça, tu te disais que t'étais pas vraiment précis. C'est ton soucis, t'as toujours eu du mal à communiquer à cause de ces gens qui te trouvait trop bizarre lorsque t'etais gamin. Pas beaucoup d'ami, tu restais et reste encore timide.

« Un peu comme un passeport ! Oui voila ! Comme je pense en faire plusieurs dans ma vie, il faut savoir voir la petite touche du créateur, un peu comme un sigle lorsqu'on tamponne le passeport lorsqu'on visite un pays »

T'espérais que l'image puisse aider à ce voeux prononcé, t'etais vraiment nul pour savoir énoncer ce que tu voulais. Encore quelque chose à améliorer.

Tu souris à l'homme te faisant face. En soit, avoir un accent 'chelou' te faisait rien à toi. Surement que pour les étrangers, les gens qui commençait avec cette langue si compliqué, avoir un accent était embetant. Etant Belge, tu le savais que t'avais ce petit truc insupportable pour certain dans ta voix. Si bien que tu t'étais entrainé pour avoir simplement un léger accent, rien de plus. Ne serait-ce que pour ta premiere petite amie que t'avais eu, une française. Elle rigolait à chaque fois que tu prononçais "huit" ou encore "cuisse" ca en était devenu presque vexant malgré le fait qu'elle te disait qu'elle s'y habituerai.

« Enchanté de rencontrer un autre nouveau dans la ville alors. Moi c'est Harper.  »

Que tu dis en réalisant que tu t'étais pas encore présenter. Un prénom américain, que ta mère t'avais donné par rapport aux origines du paternel. C'était pas un prénom ultra connu comme Steve ou encore Kevin. Alors t'avais rien contre ton prénom.
Tu acquiesça tranquillement à la proposition du tatoueur. Le laissant dessiner sans oser l'interrompre en parlant de la pluie ou du beau temps. L'esquisse était largement suffisante pour comprendre, mais il le laissa terminer : « C'est parfait. » Dis-tu en souriant. En soit, c'était un pas pour toi, que tu avais aussi besoin de franchir.

« Possible de me tatouer sur l'épaule ? »  que tu lui demanda après un petit temps. « Par contre ça fait vraiment du bien de tomber sur quelqu'un qui parle Français. Ca me manquait, je commencais à avoir un coup de blues à être quasiment tout seul ici. »