Sacha, l'ami des fauves

Je suis né à New York comme toute ma fratrie. Quatrième garçon au grand désarroi de mes parents qui auraient adoré avoir une fille. Je leur ai même fait un faux espoir les premiers mois, j’étais mal placé et on ne voyait pas grand-chose, ils pensaient réellement que j’étais une fille jusqu’au septième mois où là, il n’y avait plus de doute, j’étais bel et bien un garçon ! Trois ans plus tard est née ma petite sœur et ils ont té ravi. Avec mes frères ça a toujours été compliqué, on était plus énergique les uns que les autres, toujours à se bagarrer pour n’importe quoi même si ça ne nous empêche pas d’être proches à côté de ça. C’est de Stefan que j’ai toujours été le plus proche. Je n'ai jamais été très assidu à l’école sauf dans les matières biologiques, tout ce qui était lié à la nature et aux animaux, ça par contre, j'en avais des tas de bouquins. Pas difficile de savoir dans qu’elle branche je voulais travailler. C’était loin de ce que faisaient mes parents d’ailleurs, ma mère gérait un label de musique et mon père était dans la politique. J’ai appris à jouer de la guitare, mais mon talent d’artiste s’arrête là et la politique ne m’a jamais intéressé. Trop de mensonge, de faux semblant, je suis quelqu’un de très naturel.

Les ennuis ont commencé durant mon adolescence, je me suis rapidement aperçu que ce sont les garçons qui m’intéressaient. Problème, je suis né dans une famille très croyante et pratiquante. On allait à l’église tous les dimanches et je dois dire que je ne me retrouvais pas dans les préceptes qu’on nous inculquait. J’avais déjà surpris une conversation de mes parents parlant d’un couple homosexuel, et ce n’était en rien naturel d’après eux. J’ai gardé ça jusqu’à mes dix-sept ans où c’était réellement devenu compliqué de le cacher. Je n’aime pas mentir. J’en ai parlé à ma mère un soir, espérant trouver du réconfort, mais tout ce qu’elle m’a dit, c'est de ne surtout pas en parler à mon père, qu’on irait voir le père Blum dès le lendemain. On m’a parlé de guérison, comme ci, cela était une maladie et je n’ai pa svraiment compris. Ça m’a encore plus angoissé et j’en ai parlé avec Stefan parce que j’avais confiance en lui. J’ai trouvé du soutien en sa personne et pendant un temps ça m’a suffi, je savais que je pouvais lui en parler. Un soir, un de nos frères, le plus âgé, nous a entendus discuter et cinq minutes plus tard mon père venait me chercher dans la chambre. Il m’a emmené dans son bureau et je crois que je n’ai jamais entendu autant d’horreurs sur les personnes comme moi, contre-nature et monstrueuses comme il le disait si bien. Il m’ordonnait de changer ça, il n’accepterait jamais d’être montré du doigt à cause d’un fils anormal. La nouvelle s’est cependant répandu à cause de mon frère et les regards sur moi ont changé. J’ai arrêté d’aller à l’église, j’en avais assez d’entendre des chuchotements. Je me sentais incroyablement mal, tout ce que j’avais pu entendre avait fini par me convaincre que peut être une, j’étais bel et bien un monstre.

Ma rencontre avec Chelsy a changé la donne. J’y ai vu l’opportunité d’essayer d’être ce qu’on attendait de moi. Un homme aimant les femmes. Croyez-moi ne pas avoir d’attirance pour sa compagne, c'est compliqué, mais j’étais dans un déni total. Je me suis surtout concentré sur mon travail, j’ai fait des études dans le soin animalier puis j’ai décroché une place au zoo de Los Angeles, c’est là où j’ai déménagé. On m’a attribué le secteur des félins et je dois dire que j’en étais le plus heureux du monde. J’ai un lien spécial avec eux, assez inexplicable. Je leur fais confiance, ils me font confiance. J’ai été la à chaque naissance, j’ai biberonné chaque petit, jour après jour et trente ans après, je suis encore là, vivant parmi les fauves. Ce n’est pas rare de me voir jouer avec eux dans leur enclos, ça impressionne toujours les visiteurs qui aimeraient bien en faire de même, mais je vous le déconseille, vous vous feriez déchiqueter. C’est un don rare qui ne s’explique pas. J’ai la chance de partager ma passion avec ma fille Elisa qui m’a accompagné dès qu’elle a su marcher au zoo. On a toujours était proche vis-à-vis de notre passion. C’est cependant cette même passion qui a détruit mon mariage, enfin ça et mon homosexualité, je n’arrivais plus à toucher ma femme, même un baiser devenait trop difficile pour moi. Elle a fini par trouver mieux et elle m’a quitté. En réalité, je pense que ça a été un soulagement. Le divorce a été prononcé il y a cinq ans maintenant, pour mon plus grand bonheur. Ma fille est devenue vétérinaire et elle travaille avec moi au zoo, on a une relation fusionnelle, la prunelle de mes yeux. Je m’amuse désormais, il vaut mieux tard que jamais comme on dit.