Crise d'angoisse au parc - Libre

Des semaines que je faisais fit de la douleur, choc que m’avait causé l’accident et surtout que je faisais la fille qui allait bien. Je ne sais pas si ce manège allait bien pouvoir durer longtemps pour ma part. Entre l’inquiétude de mes parents, mon frère qui a vu sa carrière de sportif se briser, mon parrain qui avait vu sa vie voler en éclat, j’essayais toujours de bien aller. Pourtant, la vérité étant que non je n’allais pas bien. Faire fit de tout le négatif de ma vie pour garder la face était drainant mentalement et aussi physiquement. Aujourd’hui, j’avais passé une partie de l’après-midi à étudier à la bibliothèque. C’était un des meilleurs endroits que j’avais trouvé pour pouvoir me concentrer longtemps. Je préférais de loin un petit café ou je pouvais déguster une boisson chaude tout en étudiant, mais lorsque j’avais voulu m’y rentre il était beaucoup trop bondé. Toujours est-il que je revenais à pied, car ce n'était pas trop loin de chez moi. Doucement, je traversais le parc qui devait me ramener chez moi. Disons que lorsque tu as failli perdre la vie, tu apprends à savourer certains petits moments comme celui-ci. Lorsque je me suis retourné pour me rendre chez moi, je n’ai pas vu une pièce de métal qui sortait d’un banc de parc. Je me suis bien écorché la jambe provoquant une bonne giclée de sang. Revenant au stade de mon accident, je sens que mon rythme cardiaque s’accélère et surtout je me mets à ne pas me sentir bien. Doucement, je perdais contact avec la réalité, ce n’était rien d’autre qu’une crise d’angoisse que je faisais. Toutefois, elle me faisait me désorganiser et que je n’arrivais plus à réfléchir et encore moins me demander ce que je faisais. Les yeux dans l’eau, je m’assois parterre et entoure mes bras autour de mes jambes sans même penser à appuyer sur ma blessure qui saignait assez abondamment.

Aujourd’hui, Yxiel avait décidé de se promener un peu. Ce n’était pas son genre, il allait toujours à l’essentiel. La seule personne avec qui il prenait le temps de se promener au parc était Dante. Quand ils avaient besoin de parler tranquillement, sans pression, c’était plus simple au milieu d’un parc. Mais là, la semaine de travail du médecin légiste avait été intense. Alors il s’était dit, pourquoi pas ? Pour s’aérer l’esprit.

Sauf qu’il remarqua rapidement une fille assise par terre, enfin plutôt recroquevillée, et avec du sang un peu partout. Il s’approcha doucement, curieux. S’agenouilla devant la demoiselle, sans la toucher.

« Mademoiselle ? Tu saignes… Est-ce que ça va ? Que s’est-il passé ? Je suis médecin, tu acceptes que je touche l’endroit de ta blessure pour te soigner ? »

Yxiel n’était pas paniqué ou autre, il était très calme, il souriait même pour mettre en confiance la jeune fille qui semblait au plus mal. Il fouilla alors dans son sac à bandoulière, dans lequel il avait un kit de premier secours. Bon, à la base, ce kit c’était surtout s’il avait des toxines à récolter, mais là, c’était une urgence, il y avait beaucoup de sang. Il attendait que la demoiselle lui donne son autorisation. Etant autiste et même si lui était tactile, c’était important de demander le consentement des gens avant de les toucher, pour n’importe quelle manipulation. Par contre, il tutoyait absolument tout le monde, faisant fit des conventions sociales qu’il ne comprenait guère.

Le sang, c’est ce qui m’a fait totalement paniquer.  Ça m’avait ramené à l’accident donc j’avais été victime.  Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait! Je n’avais jamais été enclin à faire des crises d’angoisses, tout ce que je sentais c’était mon cœur qui voulait sortir de la poitrine.  J’étais entrain de mourir? Franchement la vie était une belle garce, elle aurait mieux fait de me laisser mourir si c’était pour me faire ce coup.  J’étudie dans le monde de la biologie humaine, j’ai l’habitude du sang et des organes humains, mais là c’était mon propre sang qui m’avait fait flipper.   Je sursaute quand il me ramène un peu à la réalité.  Au moins il a la décence de ne pas me toucher tout de suite, ça aurait sans doute empirer mon cas.  J’avais les yeux apeurés, mais surtout je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.

« Je… »

C’était comme si j’avais eu un électrochoc, je réalise que je saigne abondamment.  Rappelez-moi d’actionner la ville pour tout ce merdier.  Mais franchement non, j’ai beaucoup d’autres choses à faire de mon temps.  La présence de quelqu’un bien qu’étrangère me ramenait doucement à la réalité.  Je fais oui de la tête, mais j’étais toujours aussi apeuré.

« Mon cœur… je vais mourir? »

Pourtant j’avais fait un oui de la tête… L’instinct de survie sans doute de ne pas me laisser me vider de mon sang dans le parc.  Je ne ressentais même pas la douleur en vrai, j’avais réellement déconnecté avec la réalité.  Disons que le retour au monde réel allait être beaucoup plus douloureux.

Yxiel resta silencieux, toujours un sourire rassurant aux lèvres, que la jeune femme lui réponde, ou même lui dise quelque chose. Elle lui fit oui de la tête, sans doute car elle l’autorisait à la toucher. Il allait commencer à nettoyer la blessure, mais s’arrêta dans son élan, quand il entendit la phrase paniqué de la demoiselle. Son cœur ? Elle avait mal au cœur ?

« Je vais prendre ton poignet droit, et poser mes doigts dessus, d’accord ? Je ne vais pas serrer trop fort, je te le promets. »

Il préférait détaillé à l’oral tous ses gestes, pour ne pas que la jeune femme prenne trop peur et se laisse faire. Alors, de ses doigts graciles, il attrapa le bras droit de la jeune femme et posa deux doigts sur son poignet. Il n’était pas « docteur », il n’avait pas de stéthoscope sur lui. Alors il faisait avec le système D, la bonne vieille technique d’écouter le pouls d’une personne avec ses doigts. Il resta silencieux, se concentrant pour sentir les battements de son cœur sous sa peau. Remarquant alors que son cœur battait relativement vite, il soupira de soulagement.

« Tout va bien… Tu ne va pas mourir. Ton cœur bat très vite, mais c’est sans doute car tu es en état de choc, tu dois faire une crise d’angoisse. Respire bien lentement. Cale-toi sur un rythme lent et profond, ça va se calmer. »

Il la lâcha pour prendre des compresses et du désinfectant dans sa trousse de soins.

« Je vais toucher ta jambe pour nettoyer le sang, désinfecter et arrêter le saignement, d’accord ? »

Avec la plus grande douceur dont il pouvait faire preuve, il commença délicatement à soigner la blessure à la jambe.