Séance de kiné [PV: Lorelei]

Cela faisait trois mois maintenant que Ludwig était enfin sorti de l’hôpital après une longue hospitalisation d’un an avec de la rééducation presque tous les jours. Il avait bien récupéré. Ne marchant plus avec des béquilles, il pouvait même à nouveau fouler la glace de la patinoire avec ses lames. Par contre, il avait toujours interdiction de faire des sauts, car son genou est encore fragile malgré tout. Celui-ci n’étant pas encore assez solide pour supporter son poids après un saut, surtout son nouveau poids. Car pendant ses un an de rééducation, pour compenser la frustration de sa fin de carrière pro’, il s’était plongé corps et âme dans la musculation. Il avait prit en masse musculaire, en particulier au niveau des bras.

Et bien qu’il reprenait doucement sa vie en main, il avait encore quelques séances de kinésithérapie, avec Lorelei, la personne qui l’avait suivit pendant son hospitalisation. Néanmoins, Ludwig n’aimait pas trop les séances avec elle. Au début, elles le poussait dans ses retranchements. Pendant la rééducation, il lui était arrivé d’exploser de colère ou de frustration. Depuis, à chaque séance, il était grognon, même si la séance ne lui demandait pas beaucoup d’effort. Il assimilait cela à un mauvais moment dans son esprit.

Il avait attendu l’heure de son rendez-vous dans la salle d’attente, son casque audio dans les oreilles, puis, quand on vint le chercher, il suivi l’infirmière qui l’amena dans la salle de consultation de sa kiné. La voyant, il lui sourit à peine. Pourtant, il se montrait très poli, mais bon, il n’y pouvait rien, il n’aimait pas ces séances. Il n’avait rien contre elle personnellement, c’était ainsi.

« Bonjour Lorelei. Tu m’as prévu quoi aujourd’hui ? »

*Aujourd'hui, elle avait laissée son fils à son frère, Nathan devait travailler et elle aussi donc, elle devait aller à l'hôpital pour le coup. C'est donc après avoir déposée son fils chez son frère qu'elle se rendit sur son lieu de travail. Elle avait un rendez-vous avec un patient qu'elle suivait depuis un ans maintenant. Bon, il avait eu un moment de répit suite à son accouchement mais, c'était fini, elle avait repris le travail et donc, il aurait pas le choix. Elle savait qu'il ne l'aimait pas spécialement. Elle avait fait en sorte de le repousser dans ses retranchements, elle savait ce que c'était d'avoir une blessure grave qui allait empêcher de refaire sa passion à haut niveau mais, fallait parfois se faire à l'idée et se reconvertir. Elle arriva donc, se gara puis, elle sortit et elle entra dans l'établissement. Elle alla directement aux vestiaires, elle se changea et elle alla dans sa salle d'examen.

Son premier patient arriva, elle s'occupa de lui et elle fit ça plusieurs fois à la suite. Arrive le tour de son patient " Préféré" elle demanda à ce qu'on aille le chercher et elle était en train d'installer sa salle pour commencer par des exercices qui, elle le savait ne ferait pas plaisir. Pour lui, elle commençait par des exercices donc, elle avait dit de l'amener dans la salle d'exercice et de rééducation. Elle le vit ensuite arriver et elle, elle lui sourit tout en reprenant.*

Bonjour monsieur bougon. Ravis de te voir aussi, j'espère que tu vas bien ? Bien, et ben dans ce cas, nous allons commencé avec un peu de marche sur le tapis. Puisque tu as si hâte de les faire.

*Lorelei n'était pas du genre à être décontenancée et puis, il savait parfaitement que si il allait trop loin, elle savait le remettre en place pour le coup et ça, il le savait parfaitement aussi. Si il voulait reprendre au minimum sans se faire mal, elle était obligé de le pousser. C'est ce qu'on avait fait pour elle et elle savait parfaitement ce qu'il endurait pour le coup.*

Ludwig grimaça en entendant son surnom. Il soupira d’exaspération, alors qu’il l’écoutait au silence pour se diriger vers le tapis de marche pour s’y positionner pour le début de la séance. Il l’activa en attendant que sa kiné lui donne les réglages à entrer dans la machine. Puis il commença à marcher calmement. Avant d’y grimper, il avait enlever sa veste pour se retrouver en simple marcel noir, il avait comme bas, un jogging, pas la peine de s’amener en pantalon de toile pour sa rééducation. Une tenue de sport, comme pour ses entraînements était parfait pour ses séances.

« Arrête de m’appeler comme ça. Je suis pas bougon. Tu sais bien que j’aime pas ses séances, c’est tout. Ca me rappelle à quel point ma vie est foutue. »

Il soupira, continuant à marcher avec calme sur le tapis. Bien sur qu’il était grognon, il le savait mais l’assumait pas trop. Il savait aussi qu’en vérité, sa vie n’était pas foutu, il n’avait pas fini au fond d’un fauteuil roulant sans possibilité de marcher. Mais bon, la fin de sa carrière professionnelle en tant que patineur, ça signifiait la fin de son rêve. La fin de tout les efforts qu’il avait fait depuis tout petit pour arriver là ou il en était.

Avec cette tête, désolée pas désolée mais non, je n''arrêterait pas pour le coup. Donc faudra que tu t'y fasse ou alors, tu as deux options : Soit tu changes de kiné ou, deuxième option, tu souris un peu !

*Elle était très bien placée pour savoir ce qu'il ressentait et il avait l'impression que sa vie était fini, qu'il ne pourrait jamais plus rien faire alors que, c'était totalement faux pour le coup, dans le monde, il y'avait toujours quelque chose à faire et même si, il ne pouvait plus faire sa passion à haut niveau, il pouvait quand même monter sur les patins alors, il fallait qu'il soit positif pour le coup. Elle reprend alors en réglant tout ce qu'il fallait sur marche lente.*

Arrête de t'apitoyer sur ton sort. Tu es sur tes deux jambes, tu es en vie, tu peux remonter sur des patins alors, estime toi heureux. Oui, le haut niveau c'est fini mais, tu peux toujours patiner d'autres on pas cette chance !

*Elle savait qu'il ne l'appréciait pas spécialement mais bon, pas grave, après tout, elle ne faisait que son travail rien de plus. Elle n'était pas là pour se faire des amis mais pour travailler. Elle reprend tout de même.*

Ce que tu vis, je l'est vécu et je suis bien placée pour savoir ce que cela fait mais, si tu te morfond, tu n'avanceras jamais dans la vie c'est ce que tu veux ? Car dans ce cas, on arrête les séances et puis voilà !

*Bien sûr qu'elle ne ferait pas ça mais, elle essayait de le bouger, de lui faire comprendre les choses en le bousculant.*

La marche lente débuta sur le tapis, alors Ludwig suivit le mouvement de la machine en soupirant. Néanmoins, la première phrase de Lorelei lui fit esquisser un sourire.

« Hum… Changer de kiné… C’est pas une mauvaise idée… Nah, je blague, c’est pas tout les jours qu’on trouve une praticienne si mignonne, je vais pas changer pour tomber sur une femme avec des jambons en guise de bras capable de me casser en deux à la moindre contrariété… »

Il avait dit ça sur le ton de l’humour bien évidemment, rien de sérieux. Il avait doucement glousser, pour finir par se frotter le nez du bout de son pouce, une habitude. Mais plus Lorelei parlait, plus il perdait son sourire.

« Je peux toujours patiner… Parce que tu crois que juste glisser simplement sur la glace, c’est ça qui me fait vibrer ? Putain, tu devrais le savoir mieux que personne ! Le patinage c’était ma raison de vivre, bordel… J’ai l’impression d’être mort à l’intérieur… Alors ouais, je suis devenu entraîneur, mais je peux même pas montrer les choré’ à mes poulains… Vu que je ne peux plus faire de sauts… Ce qui est relativement handicapant… Bref… »

Il retrouvait son caractère de merde qu’il arborait à chaque séance. Il grogna alors. Laissant à nouveau échapper sa colère.

« J’ai pas eu le choix de cette réeducation de merde ! C’est mon connard de coach qui me l’a imposé. Je te rappel qu’il a été là à toutes les séances au début. Et que si je m’y pointe pas, il va recommencer à y revenir. Si j’avais eu le choix, j’aurais rien fait, je serais resté dans mon putain de fauteuil roulant, au fin fond de ma maison, à boire et à me morfondre comme le russe que je suis… Pour le moment, plus rien ne me satisfait, et ce n’est pas ce boulot d’entraîneur qui va me redonner la joie de vivre, crois-moi. »

Je prend ce que tu me dit comme un compliment. Maintenant, on bosse !

*Elle lui souris légèrement et elle continue la rééducation pour le coup mais, ce qu'elle venait de lui dire l'avais mis en colère et, elle comprenait parfaitement sa colère pour le coup mais ça, c'était à lui de gérer quoi que, elle aurait peut-être une idée pour qu'il lâche sa colère mais ça, ce serait après la fin de la séance pour le coup. Elle répondit froidement.*

C'est vrai que t'énerver contre moi ou contre toi ça va t'aider à avancer. Tu veux continuer à te morfondre bien va si, je dirait à ton coach que cela ne sert à rien, que tu veux pas te battre que tu penses ta vie fini et j'en passe.

*La jeune femme le regardait droit dans les yeux et on pouvait y voir de la frustration car, elle, elle avait tout fait pour se relever même si, parfois elle était nostalgique, elle se sentait chanceuse mine de rien. Elle reprit alors.*

Justement parce que je suis passée par là, je suis bien placée pour te comprendre. Forcément que tu as l'impression que tout s'écroule, que rien ne sera plus comme avant, que ta passion ben tu pourras plus la faire à ce niveau mais bordel, tu as tes deux jambes, tu es en vie et ça, ce sont des choses que des gens n'ont pas. Alors oui, retourne te mettre dans un piteux état et laisse les gens qui sont blessés bien plus gravement vouloir se battre pour remarcher ne serait qu'un pas. Je laisse tomber et je dirait à ton coach pourquoi ! Je vais pas m'acharner avec quelqu'un qui veut pas aller de l'avant...

*Elle stoppa le tapis et elle le laissa. Elle sentait ses larmes monter mais, elle ne devait pas craquer. Elle alla dans le fond de la salle, elle se posa et but une gorgée de son café.*

Et voilà, comme toujours Monsieur grognon avait éclaté. Sa colère de sortie, il n’avait pas peser la teneur de ses mots. Ne pensant pas blesser sa kiné’, malheureusement, c’est ce qu’il se passa. Elle arrêta la machine et fila à l’autre bout de la salle en silence. Sur le moment, Ludwig se sentait vraiment comme un con, un abruti fini, même. Il resta debout sur le tapis, un moment, silencieux pour ruminer sa colère et surtout sa frustration.

Puis, quelques minutes plus tard, quand sa colère s’atténua enfin, il soupira, se passant une main dans les cheveux. Alors il se retourna pour se diriger à pas lent vers Lorelei. Restant dans son dos, il se doutait de ce qu’il venait de dire l’avait profondément touché. Car il savait très bien qu’elle aussi était passé par la. Sauf que Ludwig ne voyait que le bout de son nez dans ses moments-là.

« Ecoute… Je suis désolé Lorelei… Mes mots ont dépassés ma pensée. C’est pas que je veux pas aller de l’avant, pour aller mieux. Simplement, tu vois, c’est compliqué… Une grande partie de moi à perdu tout courage et j’ai plus goût à rien, même juste… Glisser sur la glace. Alors ça me frustre… Enormément. Mais j’ai quand même une petite partie de moi qui veut m’en sortir. Mais c’est difficile. Surtout pendant tes séances, parce que je vois mes limites, et ça me fout tellement mal… Ca serait sûrement différent si les médecins m’avaient dit qu’avec de l’acharnement et la rééducation, je pourrais refaire des sauts, mais ce n’est pas possible. La seule chose que je peux faire, c’est renforcer ce putain de genou, sauf qu’à la fin, bah je ne pourrais pas refaire de sauts quand même. Et ça je l’ai pas encore accepté. C’est difficile. »

Il gémit de frustration, se sentait tellement con et empoté.

« Je n’ai rien contre toi, c’est contre moi que je suis en colère. Parce que même si ses séances servent, je sais qu’au final je ne pourrais plus sauter, alors dès fois j’ai l’impression que tout ça est inutile… C’est le découragement qui parle, il faut juste… Que ça me passe. »

Il fouilla dans son bas de jogging pour en sortir des mouchoirs, il se doutait que la violence de ce qu’il avait dit pouvait faire pleurer sa kiné’. Il lui tendit son paquet, en venant lui faire face.

« Tu veux bien continuer à me prendre en charge, dis ? Je te promets de faire des efforts, et d’essaye de contrôle le flux de ma colère, je sais que je peux être un véritable idiot, voire un connard parfois. J’en suis désolé… »

*Lorelei avait vraiment besoin de se reprendre sinon, elle craquerait et elle ne voulait pas, c'était pas le lieu ni le moment pour le coup. Elle but une gorgée de sa gourde en se reprenant. Elle ne devait pas craquer et rester professionnel pour le coup. Elle se retourna quand elle entendit la voix du jeune homme et elle l'écouta. Elle lui répondit une première fois.*

Tout ce que tu vis, je l'est vécu aussi. On pense que c'est fini, qu'on pourras plus rien faire de notre vie et j'en passe. Oui en effet, tu pourras plus en faire à haut niveau, tu pourras plus sauter aussi haut qu'avant mais, tu as la chance de pouvoir être sur des patins à nouveau. Des gens suite à des accidents n'ont pas cette chance, même des athlètes ne l'ont pas. Tu devrais vraiment penser à ça. Rien n'est facile dans la vie, oui il faut se battre parfois plus que d'autres personnes mais, c'est ce qui nous rend plus fort pour le coup. On peut pas toujours faire ce qu'on veut dans la vie. J'ai aussi eu une blessure au genoux qui m'as fait arrêter le surf et pourtant, j'étais championne du monde et j'avais un bon palmarès mais,  j'ai du me résigner. Aujourd'hui, j'en fait pour le plaisir, sans pour autant me mettre en danger et regarde, je le vis bien...

*Bon, elle avait des moments où c'était plus difficile que d'autres mais, elle relativisait beaucoup pour le coup. Elle refusa son paquet de mouchoir gentiment car ça irait. Elle soupira et reposa sa gourde sur le banc et elle reprit.*


Cette frustration, transforme là en force pour justement te donner à font dans tes séances de rééducation. Plus vite tu le fera et plus vite tu n'auras plus affaire à moi. Pour être idiot et con, oui je confirme pour le coup.

*Elle sourit légèrement car, elle se permettait pas ce genre de familiarité avec tous ses patients mais lui, elle se gênait pas pour lui faire comprendre pour le coup. Elle se releva et elle reprit.*

Oui je vais continuer à m'occuper de toi. Allé, tu retourne sur le tapis de course.

Ludwig soupira à nouveau, se frottant le haut du crâne.

« Je sais que ma vie n’est pas fini, que je peux faire des choses, au contraire. Je me suis mis à la boxe, bon, pas en compét’, et à la muscu’ et j’ai reprit une activité pro’. Simplement, je ne trouve pas ce plaisir dont tu parles pour l’instant. Parce que simplement glisser sur la glace sans rien faire d’autre, pour moi c’est… Un peu ennuyeux, genre, tu vois ? A cause de mon genou, je ne peux même pas montrer les sauts, ou comment bien sauter, à un de mes poulains… C’est vraiment frustrant pour le coup. »

Il rangea son paquet de mouchoirs, il se sentait quand même coupable d’avoir rendu Lorelei triste. Vu qu’il savait très bien qu’elle aussi était passée par là. Mais alors il gloussa doucement.

« Plus vite je n’aurais plus affaire à toi, hein ? Dis le moi surtout si tu en a marre de ton Mr bougon, hein. »

Il lui sourit doucement, il allait essayer de suivre son conseil. De transformer sa frustration en force, juste pendant les séances. Après, comment il vivait son handicap au quotidien, elle n’avait pas à le savoir, même si il venait de lui expliquer la situation, elle ne pourrait rien faire pour lui, c’était avec la psychiatre qu’il devait travailler là-dessus. Alors il revint sur le tapis. L’activant à nouveau avec les paramètres que Lorelei avait mit au début de la séance, pour se remettre à marcher.