Des retrouvailles ? - Ludwig

Ça faisait un moment déjà que je n’avais pas franchi les murs de l’hôpital civil. En général, je suis soigné sur la base militaire où je réside avec mes parents. Toutefois, lorsque j’avais fait ma dernière crise j’étais chez un ami et comme personne ne savait quoi faire de moi, on m’avait transporté à l’urgence. Plus tard, les médecins ont découvert que je combattais une infection et que ça avait rendu mes médicaments totalement inefficaces. Casper m’avait avisé, alors au moins je ne m’étais pas blessé cette fois. C’était donc le retour à la case départ pour moi et ça voulait dire une nouvelle hospitalisation pour recevoir des antibios intraveineux. La première journée, j’avais été totalement découragé, ne sortant pas de ma chambre. L’infirmière très gentille m’avait laissé ma bulle donc j’avais eu besoin, d’autant plus qu’après une grosse crise j’ai toujours besoin de beaucoup de sommeil. Le soleil s’était levé ce matin, comme à tous les jours. Je voyais à travers la fenêtre de ma chambre que ce serait une belle journée. Casper dormait sur mes cuisses, hors de question que mon chien dorme sur le plancher froid de l’hôpital. Il était pratiquement mon meilleur ami après tout.

Il était environ 14h00 lorsque j’avais émergé du sommeil. J’ignorais si Ludwig était encore hospitalisé. Lors de ma dernière hospitalisation, j’avais sa connaissance tout bonnement et entre nous je dirais que ça avait collé. Sa situation était bien plus désespérée que la mienne, mais au fil des discussions sa rencontre m’avait fait du bien. J’avais voulu lui mentionner que j’étais revenu à l’hôpital, mais dans la folie j’avais perdu mon téléphone. Mon père devait venir me le porter dans l’après-midi. J’avais enfilé un bas de pyjama et un hoodie. Hors de question que je me traine avec cet ignoble truc qu’on appelle « jaquette d’hôpital ». Autant mourir que de sortir de ma chambre avec ça. Ma perche à soluté qui me suivait et Casper me suivait pas à pas. Je vais m’installé dans un petit salon sur l’unité, je m’installe confortablement et ferme les yeux. J’avais bien hâte de retrouvé mon cell et mes écouteurs, je n’avais pas envie d’être ici…

@Ludwig Nikolaevitch

Ludwig venait de sortir d’un rendez-vous avec sa psychiatre, sauf que cela s’était très très mal passé. Elle lui avait dit des choses qu’il ne voulait pas entendre. Et il avait laisser libre court à sa frustration et à sa colère. Ne plus pouvoir sauter avec ses patins le foutait en vrac et il n’arrivait pas à accepter sa condition. De se dire que même avec toute la rééducation du monde, jamais son genou ne sera assez fort pour supporter le choc d’un saut avec le poids de son corps. Il en était réduit à simplement faire des glissades sur la glace et ça le rendait fou furieux. Car en étant aujourd’hui simple entraîneur, ne pas pouvoir montrer les mouvements à ses poulains était déjà assez handicapant… Il avait l’impression qu’on lui avait comme coupé la jambe, bien que cela était faux, mais c’était son ressenti.

Il s’était alors mit à marcher à l’aveugle dans l’hôpital pour se calmer, arrivant alors dans un petit salon à l’écart de tout, il s’assit sans faire attention à qui pouvait y être. Prenant son visage dans ses mains pour contrôler sa frustration. Puis quand il fut un peu calmer, il retira ses mains, pour voir… Un chien. Aux pieds de quelqu’un qu’il ne regardait pas. Mais bizarrement ce chien lui disait quelque chose… C’est alors que la lumière s’alluma dans son esprit.

« Casper ? »

Puis, il releva le regard, pour voir Tobbie. Un mec avec qui il avait sympathisé pendant sa convalescence. Il l’avait même connu quand il était encore en fauteuil roulant, au tout début. Alors, toute frustration disparut de son esprit, laissant la joie de le revoir prendre place.

« Tobbie ? Qu’est-ce que tu fous là ? T’as encore eu une crise ? »

C’est une voix que je reconnaissais qui vient interpeller Casper. J’ignorais si j’avais envie ou pas de voir un visage connu en ce moment. En revanche, j’avais l’habitude de ne pas passer ma mauvaise humeur sur les autres et cette fois ça n’allait pas faire changement. J’en avais marre de mon stupide cerveau. Parfois, j’avais un peu l’impression qu’il menaçait à tout moment de partir en fumer en un claquement de doigt. Par instinct, j’avais ouvert les yeux. Il faut dire que le côté protecteur entre mon chien et moi allait dans les deux sens. J’avais une pleine confiance en Casper et je plaignais celui qui oserait lui faire du mal. Toute ma frustration de me retrouver dans cet endroit de malheur avait descendu lorsque je l’avais entendu parler. Bien que je sois épuisé par l’infection que je combattais, j’arrive à étirer un sourire. J’étais heureux de voir ce visage qui m’était familier.

« Ouaip j’ai fait une grosse crise hier, je pense… ça faisait un bout! »

J’avais perdu un peu la notion du temps et je ne savais même pas ça faisait combien de temps que j’avais dormi en post crise. Au début, je ne sentais même pas les infirmières qui venaient prendre soins de moi, tellement j’étais assommé. Je savais que Lud avait des suivis pour son genou et aussi avec son psychiatre. En revanche, c’était quoi les chances que l’on se retrouve ici en ce moment même. C’était une certaine fatalité de l’hôpital, nous finissions par fraternisés entre ados et jeunes adultes estropiés. Après tout, lorsque je suis hospitalisé, je les vois pratiquement plus que ma famille.

« Comment tu vas? »

Je me penche pour flatter la tête de Casper. Mon compagnon en profite pour me donner un coup de museau ce qui me faisait rigoler.
@Ludwig Nikolaevitch

Ludwig fixait Tobbie, avec un sourire léger sur le visage. Sa colère et sa frustration dû à son précédent rendez-vous venait de s’envoler comme par magie. Parler avec quelqu’un qu’il connaissait, ne pas forcément penser à son propre handicap le soulageait.

« Ouais, ça fait une paye qu’on s’est pas vu. »

Il soupira a la question de son ami. Se passant une main dans les cheveux, réfléchissant à sa réponse, puis, il posa ses coudes sur ses genoux dans une posture de décontraction.

« Je vais dire que ça va, même si dans ma tête c’est un bordel sans nom. J’ai reprit le taff y’a deux mois… Je t’avais dit que j’allais passer les certifications pour devenir entraîneur de patinage, bah ça y est. C’est… Sympa, mais ça m’apporte pas toute la satisfaction que je pensais. Et toi ? A part ta crise, comment ça va ? »