Avalon, la psy pompier

Je suis née ici même à Los Angeles le 17 aout 1987. Première fille des Kayne, j'étais très attendue, surtout par ma mère qui rêvait d’avoir une famille. Mon père était déjà lieutenant chez les pompiers et ma mère restait à la maison pour s’occuper de nous deux. Quelques années plus tard est arrivée ma petite sœur, j’en étais ravi parce que je voulais une sœur, pas un frère. Je voulais pouvoir l’habiller, la maquiller plus tard, on s’échangerait nos vêtements et j’adorais cette idée. On a vraiment été heureux pendant des années durant. Je voyais mon père comme un héros et je savais déjà que comme lui j’apprendrais à braver les flammes et à sauver les gens. Nous étions tous unis, c'est pourquoi la mort de notre père à était si difficile à vivre.. J’allais avoir dix-sept ans quand nous avons eu la visite du chef de caserne qui vint nous annoncer que malheureusement notre père était décédé en intervention. Nous connaissions les risques liés à ce métier évidemment, mais on espère toujours que ça ne nous tombera jamais dessus. Je me souviens des hurlements de ma mère.. Ils avaient été déchirants. Mes parents ont toujours été fous l’un de l’autre, un couple exemplaire, elle venait de perdre son âme sœur et une partie d’elle a disparu ce jour-là. Elle a dû recevoir des calmants ce soir-là, le choc a été insurmontable et le réveil le fut tout autant. Elle a pleuré pendant des jours entiers, elle restait dans sa chambre alors j’essayais de m’occuper d’elle comme je le pouvais et de ma petite sœur par la même occasion. Je devais aussi gérer mon propre chagrin, ma peine était grande, mon héros était parti.  

Ma mère a sombré dans une terrible dépression, je pense sincèrement que si nous n’avions pas été de ce monde avec ma sœur, elle l’aurait quitté d’elle-même sans aucun regret. J’ai raté de nombreux cours à cette époque parce que je ne voulais pas la laisser seule, mais j’étais moi-même en train de me dégradé. Mes efforts ne servaient à rien, elle n’allait pas mieux pour autant et je devais tout gérer toute seule. J’ai perdu presque dix kilos à cette époque, j’étais même en train de tomber malade. Ma sœur s’inquiétait grandement pour moi et elle s’est dès lors tourné vers notre tante. Ma tante, la sœur de ma mère est venue pour nous dire que ça ne pouvait pas durer comme ça, notre mère avait besoin de soin qu’on ne pouvait pas lui apporter alors avec son aide, nous l’avons fait placer dans un centre spécialisé dans la dépression profonde. Perdre un parent, c'est difficile, mais j’ai vécu ça comme un abandon, j’abandonnais ma mère parce que je n’étais pas capable d’en prendre soin. À cette époque j’aime moi-même été suivit psychologiquement, j’en avais besoin. Avec ma sœur, nous avons été vivre chez ma tante et mon cousin Toméo pendant un temps, jusqu’à ce que je puisse me prendre un logement et embarquer ma petite sœur. Elle n’a jamais vraiment accepté que je devienne pompier à mon tour, pour elle c’est ce qui avait détruit notre famille, mais je n’étais pas d’accord avec ça. Pendant des années, il a justement fait en sorte que des familles puissent se rassembler, il a sauvé des tas de gens qui ont pu ainsi retrouver leurs proches et c’est ça que moi je retiens.

Mon premier jour à la caserne a été un moment riche en émotion. Je venais souvent quand j’étais petite pour rendre visite à mon père, je n’étais pas venue depuis quelques années. J’avais presque l’impression que j’allais le voir descendre l’escalier ou tourner dans un couloir comme j’avais pu le vivre à l’époque. Le voir sur le mur des pompiers tombaient me rendait à la fois fière et profondément triste. Je me suis toujours démené pour être à sa hauteur. À cette époque, j'étais en compétition constante avec William, ça nous amusait beaucoup et ça nous permettait de nous surpasser l’un l’autre sans pour autant tomber dans la mesquinerie. Les pompiers restent une famille. Christopher était un mentor génial, il a très bien connu mon père et savait qu’il serait fier de voir où j’en étais aujourd’hui.  Ça a toujours beaucoup compté pour moi. J’avais une équipe géniale et mon métier me passionnait déjà à cette époque.  Étant une jeune femme plutôt séduisante, je recevais beaucoup de propositions, que ce soit collègues, victimes ou extérieures, mais j’ai longtemps eu peur de tomber amoureuse. J’avais à la fois cette vision idyllique de mes parents , mais aussi cette vision horrible de ma mère qui était presque mort en même temps que mon père. Je me suis cependant toujours dit que je ne me mettrais pas en couple avec un de mes collègues. J’ai fini par rencontrer Marc, un brillant avocat, et malgré tous mes efforts pour ne pas m’attacher, il est parvenu à avoir mon cœur. Nous nous sommes mariés un an plus tard et nous étions heureux. Je voyais peu ma soeur à cette époque, elle était souvent sur la route à la recherche de tornade, oui ma soeur chasse les tornades tout à fait, je ne peux rien dire sur la dangerosité de son travail cela dit je suis mal placée.. Heureusement je pouvais compter sur la présence de mon cousin Toméo lui aussi pompier, il a toujours été comme un frère pour moi et on se taquine beaucoup.

Les années suivantes ont été consacrées à nos carrières respectives, lui en tant qu’avocat et moi en tant que pompier. Il y a dix ans, nous avons cependant eu une petite surprise, une petite fille qui avait décidé que c’était le moment pour nous de devenir parents. Nous n’avons jamais regretté un instant de mettre nos boulots en second plan après son arrivée. Elle a toujours été ma petite princesse et nous l’avons aimé de tout notre cœur. Tout a cependant basculé un jour pendant une intervention. J’étais sur le point de devenir lieutenant à l’époque, me hissait à la hauteur de mon père me rendait extrêmement fière, malheureusement un drame survint avant que cela n’arrive. Alors que nous nous rendions sur un feu notre véhicule à violemment était percuté et à fait plusieurs tonneaux. Mes deux collègues présents sont sortis assez rapidement, mais j’étais coincée, j’avais le bras cassé et un traumatisme crânien pour commencer. Ils ont essayé de me sortir, mais le véhicule a pris feu et mon corps a brulé très rapidement. Je suis tombée inconsciente à cause de la douleur et je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé après ça. Je me souviens simplement de l’odeur et de la sensation de chaleur. Ce jour-là j’ai été brulé à plus de 70% sur mon corps, j’ai été transporté dans un état critique et j’avais peu de chance de tenir. Je suis restée dans le coma pendant près de quatre mois, durant ce laps de temps, j'ai subi six greffes de peaux différentes, la seule chance que j’avais, c'est qu’une grande partie de mon visage avait été épargné. Je n’avais que le bas du côté droit de ma joue et mon cou à ce niveau. Une de mes jambes a aussi été épargnée, pour le reste mon corps est couvert de brulures.

J’ai finalement repris conscience après quatre mois d’absence. Le réveil a été très difficile à vivre, déjà parce que mon corps était encore en guérison, mais aussi parce que le changement physique était effrayant. Je voyais bien le regard que les autres avaient sur moi et je pense que ça a été le plus difficile. Je suis restée un an de plus à hôpital, c’était interminable, mais je me suis battu, pour ma fille en premier lieu surtout. Retourner chez moi m’a fait beaucoup de bien, j’ai essayé de reprendre une vie normale, mais elle ne l’était clairement plus. Marc passait son temps à fuir pour qu'on ne reste pas tous les deux, ma fille avait peur de me prendre dans ses bras ne voulant pas me faire mal. J’ai perdu ma féminité, j’ai jeté une grosse partie de mes affaires, mes jupes, mes chemisiers, mes robes. Je suis resté depuis sur des vêtements qui me permettent de cacher mon corps. Je suis donc toujours en pantalon, avec des haut à manches longues, tant pis si j’ai chaud. Mon propre mari n’arrive plus à me regarder ni à me toucher et c’est très difficile à vivre. Je savais que retourner au feu serait difficile, d’ailleurs, j'avais dû promettre à ma fille que je ne me mettrais plus en danger, mais je ne pouvais pas lâcher les pompiers pour autant alors durant ma convalescence j’ai pris des cours de psychologie, ma bienveillance naturelle allait faire le reste. Je suis revenu à la caserne dès que j’ai pu, c’était à la fois terrifiant et exaltant, mais c’est ma deuxième maison et j’étais content de retrouver ma deuxième famille. Je suis devenu la psychologue de la caserne et j’aide les autres pompiers et paramédics à surmonter leurs soucis, je suis à leur écoute dès qu’ils le souhaitent. Le terrain me manque parfois, mais je sais que j’ai un rôle important et ça me plait.