C'est les voix ... (Sinay)

We don't have to fall in love tonight, baby take your time. So many things that I might do, everything you want to. For one night only give me company, just let me hold you. Don't be afraid of what happens when you leave, cause I got you. Forget what I told you, I'm in love tonight.

Cela ne faisait que quelques jours que j'étais rentré à la maison. J'avais retrouvé ma chambre, mes affaires, et surtout ma maman. J'étais content de la retrouver, tellement content que j'arrête pas de la coller quand elle est à la maison. Je viens contre elle sur le canapé, je la prend dans mes bras quand j'ai un petit coup de mou, j'ai l'impression d'avoir 6 ans à nouveau, comme au début de notre cavale quand on avait encore peur tout le temps. Maintenant j'ai un peu peur encore mais plus pour les mêmes raisons. Maintenant j'ai plus peur de mon père, maintenant j'ai peur de moi. J'ai peur de ce que je peux faire. Je sais que je suis malade et je sais que ma maladie c'est pas tout à fait comme ce qu'on voit dans les films mais ça me fait peur quand même. J'veux pas faire de mal à maman ni à personne d'autre. Alors depuis ma sortie d'hôpital j'ai pas trop voulu sortir de la maison. Bien sûr je crèverais d'envie d'aller voir Adam mais j'ai un peu peur aussi de ce qu'il dirait en me voyant. Il est jamais venu à l'hôpital et je voudrais savoir pourquoi. Peut être que je l'ai déçu.

Ce soir je suis vite remonté dans ma chambre après manger pour lire un peu. J'avais hâte de reprendre mes vieilles habitudes et lire mes bd. Mais en plein pendant ma lecture je les ais entendu de nouveau. Les voix. Comme d'habitude je regardais un peu partout autour de moi, comme pour identifier un petit haut parleur qui passerait une bande son qui serait là pour me faire une blague. Mais il n'y avait rien. Les voix étaient dans ma tête, je les entendais grogner, rire, me dire que je n'aurais pas du sortir de l'hôpital. J'essayais de les esquiver en m'occupant l'esprit, en lisant mes bd ou en m'amusant à faire tourner sur mon doigt un vieux ballon de basket qui n'aura jamais vu la couleur d'un terrain. Mais rien n'y faisait. Je me tapais doucement la tête comme si ça permettrait de faire sortir les voix de là dedans par un petit trou. Je finis par me lever de mon lit et descendis dans mon pyjama vers la cuisine où se trouvait ma mère. Dans un sens ça me rappelait quand j'étais petit et que je venais la chercher après avoir fait un cauchemars.

-Maman ? J'ai... j'entends les voix..

We don't have to fall in love tonight, baby take your time. So many things that I might do, everything you want to. For one night only give me company, just let me hold you. Don't be afraid of what happens when you leave, cause I got you. Forget what I told you, I'm in love tonight.

J'avais un peu honte de devoir aller voir ma mère comme ça alors qu'à l'hôpital on m'avait expliqué comment essayer de taire ces voix que j'entendais. Mais aujourd'hui j'ai ma maman et je sais que je suis en sécurité avec elle. Alors comme un réflexe de gamin je suis vite descendu la voir. J'étais tout penaud, j'avais un peu honte, j'me sentais même faible pour tout dire. J'appelais maman pour avoir son attention et lui expliqua que j'entendais de nouveau les voix. Maman arrêta alors tout de suite ce qu'elle faisait et laissa la vaisselle sale dans l'évier puis s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras. Elle me proposa d'aller sur le canapé pour parler de tout ça. Je me blottis alors contre elle une fois installé, profitant de ses caresses pour me rassurer.

-Elles... elles disent que j'suis mauvais... que j'aurais pas du sortir de l'hôpital et que je mérite pas d'être là.

Je baissais la tête. Je sais que ce que disent les voix c'est pas des trucs gentil, qu'elles ne font que chercher à amplifier mes angoisses et tout ça. Mais moi j'me sentais pas bien même en sachant ça. Pour le moment j'avais pas d'hallucinations visuelles, juste des voix mais des fois c'est déjà bien suffisant pour me foutre le bourdon. Je posais ma tête contre le coeur de ma mère. Je l'entendais battre fort dans sa poitrine. J'en vins à me demander si le mien battait toujours. Une question stupide parce que s'il ne battait pas je ne serais pas là. Mais aussitôt les voix revinrent et me dirent que je serais peut être mieux s'il ne battait plus, que j'étais pas normal et que je ferais mieux de plus être là.

-Maman? Pourquoi j'suis pas normal?

We don't have to fall in love tonight, baby take your time. So many things that I might do, everything you want to. For one night only give me company, just let me hold you. Don't be afraid of what happens when you leave, cause I got you. Forget what I told you, I'm in love tonight.

Une fois installé sur le canapé, Maman s'installa à côté de moi de m'attira vers elle et passa une main dans mes bouclettes alors que je lui expliquais ce qui se passait. Les voix, ces saletés de voix que j'entendais malheureusement encore assez souvent malgré mon traitement, justement ce soir elles avaient refait leur apparition. Alors comme d'habitude je prévins ma mère. Depuis la grosse crise qui m'avait valu mon hospitalisation je lui avais promis de toujours lui dire quand ça allait pas. Je sais que ces voix ne sont pas réelles, on a pas arrêté de me le dire à l'hôpital jusqu'à ce que j'y crois, mais c'est compliqué de les entendre me dire quand même combien je n'étais pas normal, que je suis mauvais et que j'aurais du rester enfermé dans ma chambre à l'hôpital. Maman me demanda si je pensais que les voix avaient raison, mais avant tout elle m'assura que j'étais à ma place ici à ses côtés.

-Je sais pas... moi j'ai jamais fais de mal à personne... pas comme dans les films.

Mais maman avait raison ces voix c'est comme quand on m'embêtait à l'école et qu'on se moquait de moi. Mais ne pas croire ce qu'elles disaient était plus facile à dire qu'à faire. C'est pas si simple quand on les entend souvent. Et puis les films présentant des schizophrènes ne font jamais grand honneur à cette maladie, en général les gens atteint devenaient des meurtriers en puissance, moi j'suis sage. Alors pourquoi les voix me disent que je suis mauvais ? Je me blottis contre maman, tête contre son cœur, aussitôt les voix se mirent à me dire que le mien devrait s'arrêter comme ça je ferais enfin du bien à tout le monde. Je n'avais rien de normal alors pourquoi être dans ce monde à embêter ma maman qui devait s'occuper de moi. Mais elle m'assura que j'étais parfait comme je suis. J'avais un peu du mal à la croire mais bon si elle le disait, pourquoi elle mentirait ?

-D'accord Maman...

Elle m'embrassa sur le front avant de me quitter quelques minutes, revenant un peu plus tard avec deux chocolats chaud avec guimauve et chantilly sur le dessus. Mon sourire s'étira enfin un peu en voyant la boisson arriver. Maman me reprit dans ses bras. J'aimais être cajolé, peut être un jour je trouverais un garçon qui voudra bien prendre le relais et m'aimer comme ça aussi. Bien sûr j'avais bien un garçon en particulier en tête mais je me demande s'il s'inquiète de savoir ce que je suis devenu, mine de rien je n'ai plus aucune nouvelles de lui depuis mon hospitalisation.

-Dit maman ? Tu crois que je trouverais un chéri même en étant malade ?

We don't have to fall in love tonight, baby take your time. So many things that I might do, everything you want to. For one night only give me company, just let me hold you. Don't be afraid of what happens when you leave, cause I got you. Forget what I told you, I'm in love tonight.

Être quelqu'un de mauvais, j'avoue que c'est surement la plus grande peur que j'ai après la peur de me retrouver tout seul. Mais maman elle elle était sûre que je n'étais pas quelqu'un de mauvais et que jamais je ne ferais du mal à quelqu'un. Je restais contre elle, à écouter pour la sempiternelle fois qu'elle savait que j'allais aller mieux, que je n'étais ni mauvais ni dangereux et que si je croyais ça c'était parce que les voix dans ma tête étaient méchantes et me faisaient penser des trucs faux. Je grimace un peu, j'y crois pas trop je me dis qu'elle dit ça parce que c'est ma maman et qu'elle dit tout ça parce que je suis son fils. Mais je préfère ne pas lui dire que je la crois pas, ça lui ferait mal au coeur. D'ailleurs j'ai rien répondu du tout, je me suis juste un peu resserré contre elle comme un bébé avec sa mère, au fond c'est ce que j'étais toujours un peu. Mais j'étais grand maintenant et j'aimerais un peu plus que d'être le fils à maman. Mais j'ai l'impression que j'aurais jamais de petit copain. Mais là encore Maman continuait à essayer de me rassurer. Pour elle je finirais par rencontrer un garçon. Il y a bien Adam mais je sais ce qu'elle pense de lui et malheureusement depuis notre dernière rencontre il ne m'a plus jamais donné de nouvelles. Je fermais les yeux un instant et je fus alors assaillis par des voix me disant qu'Adam était trop bien pour moi, qu'il ne voulait pas d'un malade mental comme moi, que je finirais seul, que je ferais mieux de sauter d'un pont. Une larme coula sur ma joue. Pourquoi ça m'arrive à moi? Qu'est-ce que j'ai fais de mal? Le cœur serré et la voix chancelante je restais agrippé à ma mère en lui posant une question dont la réponse m'effrayait.

-Tu crois qu'après ce qui s'est passé la dernière fois Adam voudra bien me revoir? J'aimerais bien le retrouver...

Maman était au courant de mon petit coup de coeur pour mon ancien compagnon du lycée. Mais depuis mon hospitalisation je n'avais eu aucune nouvelle du beau blond. Peut être que les voix ont raison et qu'il s'en fout de moi. Je grimace de nouveau. Maman disait n'importe quoi, jamais un garçon voudra de moi, et puis même si quelqu'un voudrait de moi il serait surement aussi cinglé que moi. Maman pouvait se rassurer, elle allait pouvoir me garder pour elle pendant un bon moment encore.

-Je l'aime Maman... y'a que lui que j'veux. Il me manque.