Un bon café [PV: Cleo]

Ce matin, Hadès s’était levé soulagé. Cela faisait deux jours qu’il était cloué au lit à cause de douleur aux poumons. Son cancer prenait de l’ampleur petit à petit. Ce qui le déplaisait profondément. Bientôt il ne pourrait plus faire comme si de rien n’était et le cacher avec facilité. En se levant, il avait envie d’un bon café. Mais pas de son café. Il ne savait pas, n’avait jamais su faire du bon café, même avec des cafetières modernes, le café sortait toujours infecte. Comme quoi, les cafetières ne l’aimaient pas. Alors, en plus de cela, une envie de viennoiseries se fit sentir. Peut-être allait-il sortir pour se prendre un petit-déjeuner en ville ? Oui, ça semblait une bonne idée.

Alors doucement, mais sûrement, il alla se préparer. Enfilant comme toujours un complet noir et plaquant ses cheveux en arrière. Il prit sa voiture pour se diriger dans la ville, vers un petit café qu’il connaissait. « Le café de Plume ». Y entrant, il commanda un café noir, mais rien a manger, car soudainement, l’envie de manger ne semblait plus là. Mais alors qu’il tourna le dos au comptoir, pour se diriger vers une table, un pique de douleur le prit dans le poumon. Visiblement son cancer n’en avait pas fini avec lui… Et il se mit à tousser, tousser, tousser. Tousser si violemment que son corps se secouait violemment. Jusqu’à ce qu’il lâche son café et percute quelqu’un en face de lui. Regardant alors sa main dans laquelle il avait toussé, pour  voir le cracha plein de sang, qui lui fit écarquiller les yeux de stupeur. Jusqu’à ce qu’il remonte son regard vers la personne sur qui il avait renversé son café.

« Je… Je suis sincèrement désolé… Je vous dédommagerais en vous payant le pressing, bien sûr… »

Sa voix n’était pas aussi froide que d’habitude. Trahissant une fatigue et une pointe d’angoisse évidente.

*Cleo était prévu pour une garde de quarante huit heure et donc, elle avait prévenu son homme qu'il faudrait qu'il s'occupe des jumeaux. Elle avait fait en sorte que la première journée il n'est pas grand chose à faire, elle avait vraiment tiré beaucoup de lait, elle avait donné le bain aux jumeaux et elle s'était préparé. Ensuite, elle les avaient déposée à la garderie et elle avait pris la direction de l'hôpital. Elle alla se changer et elle commença sa journée de garde. Elle passa la première entre opérations et suivi de patients et la deuxième fut un peu plus calme. Elle avait le temps de prendre une pause alors, elle enleva sa blouse blanche, pris sa veste, elle pris son porte monnaie et elle se rendit au petit café le plus proche, celui de Plume. Elle entra et rien que l'odeur lui fit frémir les narines. Elle était en train de demander des nouvelles des enfants quand, un homme renversa son café sur elle mais ça, c'était le cadet de ses soucis, elle vit qu'il n'était pas en forme et observa la main de l'homme. Elle sortit un mouchoir, lui donna et l'invita à s'asseoir.*

Bonjour. C'est pas grave, j'ai une machine à laver ça fera l'affaire. Respiré doucement, comme vous le pouvez. Je suis médecin, je vais vous aider. Possible d'avoir un autre café et un verre d'eau c'est pour moi.

*Elle demanda cela à une serveuse et elle reporta son attention sur l'homme. Elle reprit alors.*

Je veut savoir quel stade ? Je suis chirurgienne cardiaque donc, je connait les symptômes.... Je m'appelle Cleo Fitzgerald et je suis spécialisée en cardiologie.

« Hadès… Hadès Amantis… »

Murmura alors l’intéressé, essayant de reprendre son souffle une fois assit à une des tables du café. Quelle poisse ! Il aurait mieux fait de commander un café par livraison plutôt que de croire qu’il pouvait se lever et sortir de chez lui. Il maudissait encore son cancer. Mais n’était pas en colère, comme pour tout ce qui le contrarié, non. Il se sentait complètement démunie. Car étant avide de contrôle sur sa propre vie, ici, il ne contrôlait absolument rien.

Lentement, il respira, prenant de petites inspirations pour éviter de nouvelles douleurs dans les poumons, histoire que tout ce merdier ce calme et qu’il puisse rentrer chez lui en suivant. Regardant la femme sur qui il avait renversé son café. C’était un joli brin de femme, il fallait l’avouer. Ah ? Et en plus elle était médecin ? Rien que ça ? Qu’il en avait de la chance, dites donc… S’essuyant la main sur le mouchoir qu’elle lui tendit il se mit à réfléchir et surtout, à grincer des dents quand elle lui demanda le stade de son cancer. Puis il soupira légèrement. Après tout, ce n’était qu’une rencontre fortuite, non ? Il n’allait pas la suivre à l’hôpital et encore moins la revoir un jour quand il partirait de ce café. Alors, il pouvait bien ouvrir un peu sa carapace et lui avouer à elle ? Oui, il allait faire ça. Sinon, elle n’allait pas le lâcher, sûrement.

« Vous allez trouvez ça drôle… Mon oncologue connait mon tempérament… Il sait que les mauvaises nouvelles ne m’intéressent pas. Tout ce que je lui demande, c’est de me prescrire les traitements et de m’éviter le plus possible les hospitalisations… De ce fait… Je suis désolé, mais je ne connait pas le stade de mon cancer… »

Son visage était alors inexpressif. En effet, Hadès refusait catégoriquement les hospitalisations dans l’institution médicale. Il s’était fait prescrire de nombreux traitements et matériel médical, comme un masque à oxygène, par son oncologue, pour pouvoir rester cloitrer chez lui en cas de besoin. C’était plus facile pour lui de cacher son cancer aux autres comme ça. Mais pour combien de temps encore ? Petit à petit, celui-ci lui rongeait les poumons, bientôt, tout son entourage serait au courant.

Très bien Monsieur Amantis respirez doucement.

*Elle pris le café et le verre d'eau. Elle mit le verre d'eau devant lui car, quand ça ce calmerait il fallait un peu réhydrater son corps. Elle le laissa faire en s'écartant un peu de lui pour qu'il puisse respirer et avoir de la lumière. On lui demanda si il y'avait besoin d'appeler une ambulance et elle fit comprendre que non. Elle l'écouta par la suite et en tant que médecin, elle grimaça légèrement en entendant ce qu'il lui disait. C'était pas ce qu'elle aimait entendre pour le coup mais bon, elle pouvait comprendre et elle reprit.*

Je peut comprendre que vous ne vouliez pas les mauvaises nouvelles ou même des hospitalisations mais, pour avoir une chance de guérir c'est important de le savoir surtout qu'il faut vraiment adapter votre traitement. Il y'a des chances de survie mais pour ça, il faut savoir votre stade sinon, vous allez continuer à subir ce que vous subissait déjà et puis vous perdrait votre mobilité et, fin je vous laisse imaginer la suite. Mais bon, vous m'avez l'air de n'en faire qu'à votre tête donc, je ne vais pas insister plus. Voilà de l'eau, un café et je vous souhaite une bonne journée.

*Ben oui évidemment, lui dire ça c'était compliqué mais, elle espérait surtout le faire réagir et lui faire comprendre que ce n'était pas la meilleure des stratégies. Alors, elle se remit dans la file d'attente pour par la suite prendre le café qu'elle venait chercher à la base et, il faudrait qu'elle se change en arrivant à l'hôpital.*

Au moment ou il avait entendu cette femme dire qu’elle était médecin, il avait tout de suite sur que ce qu’il allait lui dire n’allait pas lui plaire. Il le savait car tout les médecins étaient le même genre. Mais si Hadès refusait les hospitalisations et de connaître l’état exacte de l’avancé de son cancer, c’était qu’il s’était résigné. Il ne voulait pas se battre pour survivre. A quoi bon ? Il n’avait personne dans sa vie. Il avait bien eu Ezeckiel avec qui il avait eu une relation. Il l’avait aimé mais pas assez, pas comme il l’aurait fallu. Sans Darius, en tout les cas, sans personne qui faisait battre son cœur comme Darius avait su le faire, eh bien il ne voyait pas l’utilité de se battre. Après tout, il avait soixante ans. Il avait bien vécu. Il pouvait mourir en paix, seul, sans personne qui le regretterait.

Sauf qu’en écoutant cette Dr. Fitzgerald il se dit qu’elle n’avait pas fondamentalement tort… Bien que Hadès se soit résolu à la mort, il pouvait très bien faire adapter son traitement pour souffrir un peu moins déjà. Ca l’aiderait à cacher un peu plus longtemps son mal aux autres. Hum… C’était à réfléchir. Alors finalement, il l’a regarda se lever. Lui, respirait le plus lentement possible pour éviter un nouveau pique de douleur. Attrapant son nouveau café et après avoir bu le verre d’eau, il se leva, pour rejoindre la demoiselle dans la file ou elle attendait pour commander son café.

« Je vous remercie Docteur. Hum… Je pense que je vais en effet, appeler mon spécialiste et discuter avec lui de tout cela... On ne sait jamais. »

Et c’est alors qu’il tourna les talons, son café à la main pour sortir du café de plume. Monter dans sa voiture et s’en repartir chez lui. Il allait en effet prendre rendez-vous de ce pas avec son oncologue.