Probation... [PV: Elyo]

Ce matin Léo s’était levé du mauvais, mais alors du très mauvais pied.. Déjà, il n’avait pas dormi de la nuit. L’anxiété était bien trop présente en lui pour arriver à fermer l’œil. Pourquoi ça ? Eh bien car ses conneries le rattrapaient. Et son passé aussi. Il avait eu une crise de rage contre un groupe de mecs qui faisait chier des meufs dans la rue un soir. Il avait vu rouge et les avaient fracassés contre le bitume. Manque de pot, d’habitude les gens ne portaient pas plainte. Eux si. C’était des connards de riches, blancs, cisgenres et privilégiés comme il les détestait tant. Qui se croyaient supérieur à tout le monde.

Du coup, hop, garde à vue et finalement il avait été condamné… Heureusement pour lui, pas de prison. Mais on lui avait collé des « ateliers de réinsertion » avec un agent de probation… Il aurait largement préféré des travaux d’intérêts généraux… Il détestait les agents de probations. Tous des connards… Tous fermés d’esprit. Qui ne cherchaient pas à comprendre le pourquoi du comment du comportement de Léo. Lui qui n’était pas réellement maître de lui-même dans ses moments là… A tout les coups le mec qui avait hérité de son dossier allait le traiter d’abruti, d’autiste ou de gogole car il ne parlerait pas ou très peu. Mais lui n’y pouvait rien, c’était à cause du mutisme sélectif dont il était victime depuis le décès d’Uta.

Uta… Et Glad’ d’ailleurs… Ils seraient sûrement déçu de son attitude. Eux qui ont toujours tout fait pour l’aider à contenir ses crises de colère… Il se rappela alors quand Uta le coinçait en clé de bras contre son torse… Et qu’il le rassurait en lui chuchotant à l’oreille pour apaiser sa rage… Ou encore Glad’ qui lui foutait des claques et qui après l’invitait au bar pour discuter de tout ça… Après tout, Glad’ avait été son parrain, un peu comme pour les alcooliques anonymes mais pour ses crises de colère. Et ça avait marché. Grâce à leurs présences, il avait trouvé la paix. Mais depuis leurs décès, il avait l’impression d’avoir régressé.

Finalement, quand le matin montra le bout de son nez, il se leva, et se prépara. S’habillant d’un marcel noir, avec par-dessus une chemise de typée bucheron à carreaux grise et blanche, et un pantalon cargo noir. Aujourd’hui, il n’allait pas travailler à son shop de tatouages dans le zone portuaire. Non. Il devait se rendre à Central Los Angeles, un quartier bien loin de chez lui, surtout en transport en commun… Vu qu’il se fracassait souvent les mains il ne pouvait pas conduire, même si l’envie d’avoir une moto était présente…

Bref il avait rendez-vous avec un certain Elyo Fox. Son agent de probation. Il se rendit alors à l’adresse qu’on lui avait indiqué. Ce qui en arrivant, ne ressemblait guère à des bureaux. Il ne s’en formalisa pas, pourtant l’anxiété commençait à pointer le bout de son nez… Il fini par entrer, regardant alentour, voyant un homme, il se dirigea vers lui.

« Excusez-moi… Je cherche… Euh… Elyo Fox ?... »

Probation ft @Léo Ponky

Depuis peu je met en place des ateliers, ils sont dit de réinsertion mais ils me permettent surtout de faire la connaissance de nouvelles personnes, des moments de discussions, de conseils et d'aide, je leur donne mon numéro si ils ont besoin d'aide. En général j' ai plusieurs clients, en même temps bien que j'ai grandement ralenti le rythme ces derniers temps, je dois dire que Magnus me donnait du fil à retordre, je devais assez régulièrement lui consacrer de mon temps et j'avoue bien malgré moi que ça me plaît. Aujourd'hui je rencontre l'un de mes nouveaux clients, Léo. J'avais déjà eu le topo, un homme dont les bavures principales sont des accès de rages, le principal du travail se fera donc sur de la gestion émotionnelle. Je ne pense pas qu'être sur son dos lui sera utile, les ateliers lui feront sans doute plus de bien. Il était donc convié aujourd'hui à me rencontrer, je l'avais convié en avance pour nous présenter avant la séance, mon but n'est pas de les mettre face à leurs problèmes devant chacuns. Je l'attendais patiemment, en général c'est moi qui les accueille, je préfère être présent à l'entrée plutôt que de devoir passer par une tierce personne, dans ces contextes je préfère être l'interlocuteur principal. Le jeune homme venait d'arriver, j'ai souris doucement

- C'est moi que vous cherchez, le seule et l'unique. Enchanté, Léo c'est bien cela ? Suivez moi

je le suivais jusqu'à un endroit un peu plus intime, histoire de se mettre à l'aise autour d'une boisson chaude, ou froide évidemment. Je l'invite donc à s'asseoir en sourit doucement

- Je vous sers quelque chose à boire ? Si vous l' acceptez nous commencerons par simplement des présentations ?

en général j'attend de voir à quel point ils sont réceptifs ou non avant de choisir la méthode par laquelle je vais procéder. Je prépare donc de quoi nous hydrater ainsi que quelques biscuits, venant m'asseoir assez loin de lui pour lui laisser de l'espace, il pouvait s'installer comme il le souhaitait.

Codage par Libella sur Graphiorum

Léo regarda l’homme en face de lui qui se présenta. Donc, c’était lui le renard ? Oui, car il s’appelait « Fox ». Pourtant, il n’avait pas une tête de fouine, ce qui était un bon point, mais l’allure de l’homme ne le ferait pas changer d’avis sur les agents de probation. Lui faisant un signe de tête pour lui confirmer son identité, il le suivit docilement, pour s’asseoir sur une chaise. Mais alors que l’homme semblait préparer des boissons et biscuits, Léo fut renvoyé des années en arrière, dans ses souvenirs. De quand il avait eu affaire à Stevens, son assistant social pour la première fois et les fois suivantes. A chaque fois qu’il entrait dans son bureau, l’homme restait silencieux, un doux sourire aux lèvres, en lui proposant un chocolat chaud. Cela avait eu le don de rassurer l’enfant apeuré qu’il était et bien plus tard l’adolescent incomprit. Depuis, cette « tradition » du chocolat chaud était resté, même quand ils se voyaient à la maison personnelle de Stevens, des années plus tard, alors que l’assistant social était devenu un ami proche. Aujourd’hui, l’homme était décédé mais son souvenir restait gravé dans sa mémoire.

Voir cet agent de probation faire « un peu » la même chose le détendit quelque peu. Bien qu’il ne se servit, ni en boisson, ni en biscuit. Il resta là, assit dans le fond de sa chaise, à fixer l’homme en face de lui. Un moment de silence pour observer son environnement. L’agent attendait qu’il se présente ? Euh… Okay. Alors il commença à ouvrir la bouche, mais la referma bien vite. Le stress pointait de plus en plus. Tellement que son mutisme sélectif intervint. Impossible pour lui de sortir des mots de sa gorge. Alors il baissa les yeux, frustré. Il n’avait pas envie de parler à cet homme, mais il le fallait, il y était obligé. Alors il rouvrit la bouche, remuant les lèvres pour essayer de parler. Sa voix sortie enfin après de longues minutes d’essai. Elle était grave, mais on pouvait sentir toute la tension dans celle-ci, comme si c’était difficile pour lui d’aligner deux mots, ce qui était le cas.

« Je… M’appelle Léo Ponky… J’ai 45 ans… Je suis artiste tatoueur… Originaire d’Hawaii… J’ai principalement vécu à New York… Des parents junkies… Maltraitants… J’ai été en foyer. Puis deux ans en maison… De redressement... A ma majorité… Je suis partie faire… Mes études en France, à Paris… J’espérais… »

Il se stoppa, les mots restaient coincés dans sa gorge. Il avait envie de pleurer. Car cela concernait les souvenirs avec Uta. C’était si dur. Pourquoi c’était si dur ? Ses yeux tremblaient d’une émotion forte et il retenait ses larmes. Fermant ses poings sur ses genoux, ceux-ci tremblaient de stress.

« J’espérais faire ma vie… Là-bas… Mais il y a quelques moins… Je m’en suis enfui tel un malpropre… Pour m’établir à nouveaux aux Etats-Unis… »

Voilà, il avait dit l’essentiel de ce que l’agent devait savoir. Car beaucoup de ses choses n’étaient pas forcément dans son dossier. Il haletait doucement, comme s’il venait de courir un marathon. C’était ce qu’il s’était passé, car parler était une épreuve pour lui, au quotidien. Mais alors, il rajouta à voix basse, détournant le regard de l’homme :

« Si vous pensez pouvoir m’aider… Vous faites fausse route… En 45 ans… Personne n’a réussi à m’aider… »

Ce qu’il disait était vrai. Car même s’il connaissait le pourquoi la rage prenait possession de lui, personne n’avait su vraiment l’aider. A part Uta. Qui quand il avait une crise, prenait le brun dans ses bras, en clé de bras, pour l’empêcher de bouger, et lui murmurait des mots doux et rassurants à l’oreille. Grâce à lui, il faisait moins de crise. Mais ça c’était le pouvoir de l’amour et jamais plus il n’en serait témoin.