Mael le prof de surf

Je viens de France, je suis né à Nice le 14  septembre 1997 d'une mère sicilienne et d'un père français. Ma mère ne parlait pas beaucoup français à la base donc j'ai eu quelques notions d'italien dès mon plus jeune âge. J'ai vécu en France même si j'allais régulièrement en vacances en scissile. Je n'ai pas eu de frères et sœurs, ça a été un choix de mes parents, ils avaient des revenus modestes alors, ils préféraient ne m'avoir que moi et pouvoir me payer tout ce dont j'avais besoin. C'étaient vraiment des parents super, je n'ai jamais eu à m'en plaindre. J'ai le même tempérament qu'eux, calme, travailleur et courageux. J'ai rarement un mot plus haut que l'autre sauf si on s'en prend à moi ou mes proches. Tout aller donc très bien jusqu'à ce soir-là, on revenait de chez des amis de mes parents, un diner sympathique. Un chauffard nous est rentré dedans, en pleine face, tuant sur le coup mes parents. Je ne me souviens pas de l'accident, je dormais à l'arrière. Je me suis réveillé deux mois plus tard à l'hôpital, on ne savait apparemment pas si je sortirais du coma. J'avais eu un traumatisme crânien, heureusement, je n'ai perdu aucunes facultés. Les médecins ont dû m'apprendre la mort de mes parents et surtout le fait qu'il n'y avait qu'une solution pour moi, quand je sortirais de l'hôpital se sera direction le foyer. Ça a été une période très difficile, perdre ses parents, c'est déjà difficile, mais mon deuil a été compliqué puisque je n'ai même pas été là à leur enterrement. J'ai eu le droit de récupérer quelques affaires, les biens de mes parents me sont revenus et sous les conseils de mon tuteur envoyé par l'état, j'ai vendu la maison. J'allais en foyer de toute manière, la maison n'aurait pas été entretenue et aurait perdu de sa valeur.

Devenir un adulte aussi vite, prendre toutes ces décisions, je n'aurais pas pu le faire sans les gens attentionnés du foyer. Ils ont tout fait pour que je m'y sente bien. J'étais conscient de personne n'adopterait un adolescent de seize ans alors je me suis fait une raison, j'avais deux ans à attendre, ça n'était pas si long. J'ai donc préféré m'intégrer et faire en sorte que ça se passe au mieux. J'aidais les plus jeunes quand ils arrivaient. Les seuls moments où je ne respectais pas les règles, c'était quand je partais du foyer en douce pour aller jusqu'à l'océan. J'y allais soit très tôt le matin pour voir le lever du soleil, soit la nuit pour y marcher. J'ai toujours eu ce besoin d'être proche de l'eau. Même si j'étais en foyer, j'avais des cours, je comptais m'orienter vers des études de langues en sortant du foyer. Profitant d'un programme d'échange linguistique quand j'ai été majeur, je suis parti à Los Angeles. Une nouvelle vie dans un nouveau pays où j'allais tout reprendre à zéro. À côté de mon cursus scolaire, j'ai repris le surf et autant dire que c'est bien différent ici par rapport à Nice. J'étais doué, un recruteur voulait me faire faire de la compétition, mais je voulais d'abord finir mes études même si je passais le reste de mon temps à m'entrainer. Quand j'ai eu mon diplôme en langues étrangères, je suis passé surfeur professionnel et j'ai attaqué les compétitions. Ça, c'est très bien passé pour moi pendant plusieurs années. J'ai commencé à me faire un nom et j'ai été vainqueur de deux des plus grandes compétitions en surf, j'ai aussi fait pas mal de podium entre temps. J'avais la belle vie, je dois dire et j'en profitais à fond, sans pour autant être dans l'excès. Aux États-Unis tu peux vite prendre la grosse tête, vrillé, faire trop la fête, mais je n'ai ni été élevé comme ça et je n'en ai jamais eu vraiment envie non plus.

Côté cœur, j'ai eu quelques histoires, toujours du sérieux, les histoires de cul ce n'est pas pour moi. Ah oui, je n'en ai pas encore parlé, mais je suis gay. Je le sais depuis toujours, je l'assume même si je ne le crie pas sur tous les toits. Je considère que ça fait partie de ma vie privée et je ne me suis jamais vraiment étendu là-dessus. Ma plus longue histoire a été celle avec Ryan, j'en étais fou amoureux, je me voyais faire ma vie avec lui, mais comme souvent, j'ai tendance à m'emballer. Cela c'est bien passé pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que je comprenne qu'il voyait d'autres mecs. Ca a été un coup dur, j'ai eu du mal à me remettre. Un mois après ma rupture j'ai eu une autre compétition, je l'ai complétement foiré finissant loin derrière le peloton de tête. J'étais persuadé que j'avais fait mon temps, que je n'avais plus qu'à prendre ma retraite de champion. En réalité, c'est juste ma rupture qui m'avait foutu dedans, mes capacités n'avaient pas été moins mauvaises, sauf ce jour-là apparemment. Quoi qu'il en soit, j'ai arrêté les compétitions, mais je n'étais pas prêt à partir loin de l'océan. Je me suis d'ailleurs installé sur une plage privée, dans un coin tranquille, à l'abri des regards. C'est petit je l'admets, ça ne dépasse pas les vingt-cinq mètres carrés et tout est dans la même pièce. J'ai un canapé qui se replie, mais je n'échangerai ce lieu pour rien au monde. J'ai juste à ouvrir la baie vitrée de devant pour avoir l'océan. Si je voulais rester aux États-Unis je devais travailler, je suis donc devenu professeur de surf. Ma langue natale, mes notions d'italiens et donc mon anglais ont été une force pour me faire embaucher, tout comme mes médailles. Je donne des cours de surf dans une école réputé et j'aime ça. J'adore ma vie, j'aimerais juste trouver une personne avec qui partager ma vie.