Noah et moi avions prévu ce soir de se retrouver pour un restaurant.  Ce n’était pas forcément quelque chose d’inhabituelle, car nous le faisons souvent, mais après une dure journée de travail embrasser mon fils et le retrouver, il n’y avait pas meilleur sentiment au monde.  Heureusement pour Noah, je n’avais pas eu le temps de prendre le mail annonçant ses frasques à l’école.  En revanche, il était clair qu’une fois de retour à la maison il allait se manger une punition.  Pour moi, il n’y avait pas plus grand manque de respect à son parrain que de ne pas se pointer en cours et le pire c’est qu’il se mettait en danger quand il le faisait!  J’avais besoin de savoir où il était et ce n’était pas pour avoir l’air contrôlante.  Cependant, comment le protéger si je ne sais pas où il est.  Bref, c’étaient les joies de l’adolescence faut croire!  J’avais donc quitté mon bureau, avant de me diriger vers notre appartement où je devais le rejoindre.  J’avais l’habitude qu’il ait voir des amis, alors ça ne m’avait pas impressionné.  Même pas le temps de me changer, mais au moins j’avais eu le temps de ranger mon arme et mon insigne.

J’avais l’habitude de ses quelques minutes de retard, alors ça n’était pas vraiment surprenant.  Bon, une quinzaine de minutes et j’allais commencer à m’inquiéter, mais il arrive rapidement.  Je lui fais un grand sourire et me lève de ma chaise avant de le serrer dans mes bras fort et lui dépose un bec sur la tête.  Il avait beau être rendu un ados, certaines habitudes sont plus tenaces que d’autre.  

« Salut mon grand, toujours ponctuel! »

Dis-je avec une pointe d’ironie dans le ton de la voix.  Toutefois, il y avait un fond de vérité derrière ça.

« Ton examen c’est bien passé? »

Dis-je en reprenant place à mon siège pour le laisser s’installer.

Je n’avais donc pas eu le temps de prendre le courriel de l’école et c’était tant mieux. Noah serait punis à la minute où j’allais prendre mes mails rendus à la maison. Je me faisais un point d’honneur de ne pas être toujours sur mon portable ou la tête dans le travail lorsque j’étais avec lui. Évidemment, à titre de capitaine, il arrivait que je n’aie pas le choix de réagir en cas d’urgences, mais je crois que Noah était suffisamment mature pour le comprendre. En échange, je faisais des soirées comme celle-ci où je faisais attention. Parlant de point d’honneur, je m’en ferais un de le punir et j’espère vraiment pour lui qu’il n’avait pas de plan pour la soirée, car il allait être privé de sorti.

Mais bref, mon sourire de le retrouver était indéniable en ce vendredi soir. Parfois, il m’arrivait de souhaiter arrêter le temps, je savais bien que bientôt se serait moins cool un souper le vendredi soir avec maman. En attendant, j’en profitais!


« C’est quand même un retard Noah! »

Dis-je quand même en rigolant. En vrai, j’étais plus amusée sur le coup que vraiment agacée. J’avais l’habitude et même si je pouvais être une maman stricte, j’avais l’habitude avec fiston. J’avais fini par prendre l’habitude de lui. « Oui, belle journée et toi? »

J’adorais parler du boulot avec Noah, même si évidemment il m’arrivait de censurer certaine chose, car dans mon métier j’ai vu des choses terribles. Heureusement que j’ai un fort mental, car il y a bien longtemps que j’aurais pu finir avec une balle dans le temps. Il y a une vision que je n’avais jamais oublié, c’était celle de bébé Noah, le point dans la bouche, parce qu’il était affamé. Il faut dire que c’est mon cœur de maman qui ne peut s’empêcher de repenser à ça. Je lève mes yeux de sur mon verre de vin que j’avais commandé en l’attendant, l’air suspicieux. Je n’aimais pas particulièrement quand il semblait frimer de cette façon.

« J’ai hâte d’avoir le résultat alors! »

Après tout, c’était logique non? Si ça avait été si facile qu’il le disait, il allait bien me ramener un 90! Pourtant, ce n’était pas ce que je lui demandais, juste de ne pas se pogner le derrière en cours.

« Pas pleins de criminels, mais on a eu un débouché sur une enquête qui nous accaparent depuis des semaines. On est loin de sortir le champagne, mais c’est sur la bonne voix! »

J’avais beau être une mère stricte, lorsque Noah prenait cette petite voix mielleuse, je suis obligée d’admettre que j’avais du mal à ne pas céder. Il faut dire que dans les faits, ce n’était pas bien malin comme histoire, un petit retard. Le hic étant que je voudrais bien qu’un jour il apprenne à ne pas avoir de retard, c’était important pour sa future carrière. Bref, en ce moment il n’avait que 14 ans et il avait bien le temps de revenir sur le droit chemin en temps et lieu. Je me contente donc de lever les yeux au ciel en rigolant prêt à laisser couler pour le moment. Quand il me parle de sa belle journée, je lui fais un oui de la tête.

« Évidemment, mais ça fait partie de la vie étudiante! »

Dis-je en ne le lâchant pas des yeux. C’était fou ce que je pouvais le trouver beau, il était clairement la moitié de ma vie cet enfant. Tout en continuant de parler avec lui, je m’étais mise la tête dans le menu que la serveuse nous avait apporter. En vrai, je le regardais par principe, car nous venions souvent à ce restaurant et je prenais presque toujours la même chose. Quand il me parle de seulement « passer » je ne peux que lui jeter un œil sur le côté du menu.

« Noah franchement, tu sais que je t’ai demandé de faire des efforts à l’école! »

Dis-je sur un ton beaucoup moins amical soudainement et même frôlant le reproche. À l’inverse de Noah, moi j’étais nulle à l’école et je devais travailler dur. Je voulais qu’il comprenne qu’il était chanceux de l’avoir facile à l’école, mais qu’il devait mettre les efforts aussi. Puis, la discussion c’était diriger vers la police et c’était plutôt sympathique comme discussion. À son explication sur mon métier, je ne peux pas me retenir de pouffer de rire.


« Si c’était seulement ça Noah… Faut pas tout croire ce qu’on voit à la télé! »